Dossiers photographiques
- Oeuvres visibles du métro aérien, (boulevard Vincent Auriol, mais aussi à l'entrée des rues perpendiculaires), côté nord, vues: horizontales (horizontales, verticales; côté sud: vues: horizontales), verticales;
- Rue Jenner, vues: horizontales (horizontales, verticales.
Certains puristes discuteront ce type d'installations officielles, non sans raison, mais il est difficle d'ignorer ces réalisations qui font de Paris une capitale du street art mondial. La galerie Itinerrance présente aujourd'hui l'ensemble sous le nom "Boulevard Paris 13".
La collaboration entre Jérôme Coumet, maire du 13ème arrondissement et Mehdi Ben Cheikh, patron de la galerie Itinerrance a été illustrée par une fresque aujourd'hui disparue, une anamorphose peinte sur les marches de l'escalier riverain de la galerie Lavo//Matik. L'oeuvre réfère à Salvador Dali et aux lames du tarot (le jeu de tarot comporte 22 arcanes majeurs). Zag et Sia représentent El Loco (Le Mat, Le Fou) sous les traits de Mehdi Ben Cheikh, poignardant dans le dos le Roi sous les traits de Jérôme Coumet.
Les deux personnes représentées ont joué un rôle déterminant dans la création des grandes fresques du 13e arrondissement. L'explication des auteurs (Zag et Sia) reste assez énigmatique: «L'œuvre, peut-elle influencer l'histoire... ou être simplement la projection de la perception intuitive d'un avenir possible ? Si la perception d'une trahison est perçue majoritairement dans ce tableau, elle aura pour vocation de devenir cette épée de Damoclès pour que cette trahison ne soit jamais confirmée» (source: Zag & Zia sur Facebook).
Il faut toutefois souligner que les murs du 13e n'ont pas attendu 2011 et cette collaboration pour héberger de très grandes fresques: Fabio Rieti a installé un Homage à Jean-Sebastien Bach dès 1980 rue Clisson et Gilles Aillaud une représentation très poétique en 1989 rue Jenner.
Au sud du métro aérien ↑
La première fresque que l'on découvre en partant de la place d'Italie embellit la terrasse d'un bar; les suivantes sont situées après la rue du château des Rentiers (qui porte elle-même de nombreux murals).
Au 167, L'œuvre de Wen 2 s'inspire du phare La Tourelle des Perdrix, situé dans la commune de Loctudy, en Bretagne.
La Geisha multiculturelle de Hush est au numéro 169.
Le 169, côté boulevard, est couvert d'une calligraphie de Cryptik (un poème de William Saroyan).
Un peu en retrait, au 169bis, le duo How Nosm a réalisé la fresque "Sun Daze" en 2019 (jeu de mot avec sun, daze et sunday); difficile à observer (et à photographier) en raison de sa hauteur et de son emplacement, elle contient de multiples éléments visuels et symboliques, mais apparait au premier abord assez abstraite.
Une observation plus détaillée montre un homme campé sur fond de fleurs (et de cristaux ?), la tête tournée vers le soleil.
Une fresque utilisant la même palette de couleurs (violet, rouge, noir et blanc) est installée par le duo d'artistes à Grenoble, 47 rue de Turenne.
Christian Guémy, alias C215, portraitiste profilique, a peint quelques unes de ses premières œuvres dans le 13e. Il a beaucoup peint sa fille Nina sans doute un moyen un peu désespéré de communiquer avec elle (il est séparé d'elle et d'avec sa mère depuis que sa fille a eu deux ans).
Le portrait de Nina est voisin d'une fresque de commande de la Mairie du 13e arrondissement représentant un Chat, un grand classique pour C215, mais ici son plus grand mural réalisé à Paris. Il est installé à l'entrée de la rue Nationale.
Face au Chat de C215, "Turncoat" est le deuxième mural de D*Face, le premier étant de l'autre côté du boulevard.
Située au dessus du Chat de C215, cette Marianne apparait en 2016 au 186 rue Nationale et s'inscrit dans le projet "Boulevard Paris 13" dont Obey est un récidiviste.
Mais c'est d'abord une affiche crée à la suite des attentats du 13 novembre 2015 et mise en ligne en soutien aux parisiens par Obey (Shepard Fairey). Pour cet artiste l'art doit encourager la "paix, l'harmonie et la tolérance"; un thème qui n'est pas nouveau Obey et qui réutilise des éléments d'autres affiches et murals réalisés aux Etats-Unis. Pendant la campagne présidentielle de 2017, l'affiche était déjà dans le quartier général du candidat Emmanuel Macron et elle a été déplacée dans son bureau à l'Elysée après son élection (Le Parisien, 2017). Le fait qu'elle se soit trouvée bien en vue lors de plusieurs interviews présidentielles a contribué à la notoriété de cette marianne en France.
L'œuvre a continué à faire parler d'elle en 2020 lors de la campagne contre les violences policières menée par des street-artistes, une campagne nommée Marianne pleure. Ces événements ont un peu plus alimenté la controverse en ce qui concerne Shepard Fairey.
Au 131, c'est D*Face qui a remplacé Maye pour une troisième installation sur le boulevard Vincent Auriol (liée à une exposition de la galerie Itinerrance).
Il est rare que des fresques du Boulevard Paris 13 disparaissent, sauf avec le mur qui les supporte (au 93 la fresque d'Obey a été restaurée après réfection du mur). Le street art y perd vraiment avec la disparition du mural de Maye au 131; de son vrai nom Victorien Liria cet artiste de Montpellier produit des œuvres un peu torturées, mais très originales.
En retrait du boulevard, le trompe l'œuil de Shozy (Danila Shmelev) est visible depuis le jardin de la raffinerie Say (allée Django Reinhardt). L'effet 3D est maximum à l'entrée, mais la vue de face n'est pas inintéressante.
A noter que le nom du square commémore l'existence d'une raffinerie créée en 1831 par Louis Say, sur un terrain alors extérieur à la commune de Paris. La raffinerie a employé jusqu'à 2 000 personnes, une épopée industrielle qui s'est terminée en 1968, date de sa fermeture. Les transports entrants et sortants ont étés assurés successivement par des carrioles à cheval, des camions à vapeur et des wagons sur porte-wagons ! Le quartier a été complètement restructuré dans les années 1970. Dommage qu'aucune fresque n'évoque ce passé industriel.
A l'époque, le boulevard Vincent Auriol s'appelait boulevard de la gare.
"Rise Above Rebel", au 93 rue Jeanne d'Arc est un des premiers murals du projet "Street Art 13". Plus consensuelle que la Marianne, cette femme représente tous ceux qui se relèvent et refusent l'oppression, mais évoque ethniquement le monde slave (L'utilisation d'une photographie d'Anna Bryukhanova par Sherpard Fairey sans que l'autrice en soit créditée lui a quand même été reproché). Une troisième installation d'Obey se trouve aussi rue Jeanne d'Arc.
Pour Inti Castro, la Madre secular est une version laïque de la Madone où le sacré se présente comme quelque chose de possible sans briser les lois de la nature.
C'est une allégorie de la connaissance et du scepticisme multipliant les symboles: la pomme dans la main droite porte un G qui transforme ce fruit du récit biblique en une référence à Newton et à la gravité (source du texte: galerie Itinerrance).
Au nord du métro aérien ↑
Les espaces situés au nord du métro aérien ne sont pas en reste.On commence au numéro 158 par un mural de Da Least.
Les murs qui soutiennent le métro aérien offrent trois arcades (comme du côté sud) et sont renouvelés fréquement. Les deux portraits de Djoulay La Papaye (Julie Faucon) représentant une ukrainienne et une russe ont étés peints pour la journée de la femme 2022 et pour la paix en Ukraine. En face, la place Pinel est encadrée de fresques.
Deux portraits de la place Pinel:
Le médecin Philippe Pinel (1745-1826) s'est battu pour l'abolition des chaines qui liaient les malades mentaux et, plus généralement, pour l'humanisation de leur traitement. La réalisation de la fresque a été permise par l'intervention de la galerie Mathgoth.
Le portrait de Papy Dance représente Ellie (76 ans) qui joue les DJ du côté de la place d'Italie.
Au 10 Place Pinel, la fresque de D*Face se cache dans la végétation du square Gustave Mesureur, sauf en hiver.
Plus abstraite, la fresque de ST4 accentue les perspectives.
Si vous vous intéressez à l'histoire, remontez la rue Esquirol sur une centaine de mètres: au numéro 17 une fresque rend hommage à La Nueve.
La neuvième compagnie militaire constituée essentiellement de républicains espagnols (146 hommes sur les 160 de l'unité) est l'une des premières a être entrée dans Paris lors de sa Libération. Ses membres ont étés doublement trahis, d'abord parce que le projet de libérer Madrid du franquisme a été abandonné, ensuite parce que le général de Gaulle, par nationalisme, a occulté tout ce qui n'était pas français dans les combats de la libération de Paris. Il a fallu attendre 2019 pour qu'une fresque (réalisée grâce à une souscription) vienne compléter un modeste médaillon présent seulement depuis 2004 sur la facade et témoigne de leur passage (source du texte: fr.wikipedia.org/wiki/La_Nueve).
Cette trahison condamnera les républicains espagnols à un long exil. Mon pardon aux républicains.
Autre hommage à la verticalité la fresque "Hors des murs" de Bom.K s'échappe du numéro 126.
Au 110 rue Jeanne d'Arc (un immense bâtiment à plusieures entrées) Faile et Seth se sont exprimés sur les grands pignons visibles du boulevard Vincent Auriol. Faile est un duo d'artistes américains composé de Patrick McNeil et Patrick Miller.
Seth est intervenu à deux fois sur ce mur, la seconde pendant l'été 2019 en modifiant les couleurs et en prolongeant les cercles colorés sur les façades voisines, ce qui en fait une anamorphose (il faut être au bon endroit si on souhaite voir des cercles parfaits). Cliquez sur l'image verticale pour voir la version précédente.
PLus proche du métro aérien, le pignon peint par Faile n'est plus observable de face. Un grand bâtiment est aujourd'hui construit à la place du tas de pierres.
D'autres fresques sont visibles rue Jeanne d'Arc, au nord et au sud du boulevard Vincent Auriol.
Tristan Eaton a installé ce mural en 2016 sur le château d'eau de l'hôpital de la Salpétrière: les mots PEACE et PAIX sont entrecoupés d'images colorées. L'œuvre s'observe facilement depuis le métro ou le train, sinon, il vous faux pénétrer dans l'hôpital Pitié-Salpétrière, une ville dans la ville (soyez discret avec votre appareil photo). Quelques autres fresques sont visibles dans l'allée centrale de cette cité hospitalière. Au moins un autre hopital parisien favorise l'art urbain c'est Necker-Enfants malades.
Bibliographie
Hors les murs. Le "boulevard Paris 13" présenté par la galerie Itinerrance. Une liste des œuvres (presque) tenue à jour.
Histoire de la raffinerie Say, boulevard de la gare (aujourd'hui boulevard Vincent Auriol). Association pour la sauvegarde de la sucrerie de Francières.
Histoire de la raffinerie Say, boulevard de la gare (aujourd'hui boulevard Vincent Auriol). Association pour la sauvegarde de la sucrerie de Francières.