Dossiers photographiques


Saint-Denis représente un lieu d'inhumation exceptionnel: les nombreuses fouilles réalisées de l'époque de Viollet-le-Duc à nos jours on révélé l'existence de plus de 15 000 sépultures et chaque fouille permet d'en découvrir de nouvelles. Elles débutent à l'époque pré-chrétienne puis le lieu se christianise vers le 3e siècle. Les lieux sont donc sacrés depuis la nuit des temps.

Au fil des siècles, les corps vont être accompagnés de dalles ou de monuments funéraires. Un événement majeur de cette histoire est l'enterrement de Dagobert en 639 (Romero, 1992: 29). L'église ne mesure alors que 20 m de longueur; les restes attribués à Saint-Denis devenus des reliques sont placés dans des cercueils d'argent. L'alliance de la royauté et du catholicisme est définitivement scellée au 12e siècle, ce qui explique sans doute que les plus ancients gisants datent de cette époque.

Les reconstructions multiples de l'église, les changements politiques (la révolution de 1789 représentant au final un événement parmi d'autres) ont profondément remanié la présentation de ce mausolé royal à présent réparti entre la crypte et le niveau principal (chœur, transept). Des tombeaux initialement installés ailleurs ont aussi été regroupés à Saint-Denis. Au total, plus de 70 monuments funéraires sont présents aujourd'hui.

Le choeur et le transept ↑ 

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Dalle funéraire de Frédégonde (enterrée en 597), 13e siècle; © Creative Commons by NCSA (attribution: Michel Racine, pas d'utilisation commerciale).

L'une des plus anciennes sépultures de la basilique, mais datant sans doute seulement du 12e siècle, a été transportée à Saint-Denis depuis Saint-Germain-des-prés. Cette dalle magnifique est constituée de pierre de liais, mosaïque de marbre, porphyre et serpentine et filets de cuivre. Le visage, les mains et les pieds ont du être peints.
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Clovis (en haut) et Childebert ; © CC BY-NC 2.0 Morio60 (Flickr).

A son voisinage, se trouvent le gisant de Childebert provenant aussi de Saint-Germain-des-prés (circa 1163) et de Clovis, père de Childebert et fils de Dagobert, provenant de Sainte-Genevieve (circa 1220-1230).
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Tombeau de Dagobert, 13e siècle; © Michel Racine.

Si Dagobert est enterré à Saint-Denis en 639, le tombeau monumental actuellement visible est créé sous le règne de Saint-Louis (13e siècle); il a été restauré en 1859 dans son emplacement d'origine par Viollet-le-Duc.

Dans la chronique de l’abbé Hilduin écrite 200 ans après la mort de Dagobert (au 9e siècle), Dagobert, encore adolescent, chasse un cerf. L'animal, tentant de s’échapper, pénètre dans une la chapelle de Saint-Denis et se trouve protégé par ue force (divine) empêchant les chiens d'y pénétrer. Plus tard Dagobert en conflit avec son père Clothaire 2 se réfugie dans la même chapelle ou il s'endort; il reçoit alors en songe la visite de saint Denis, saint Eleuthère et saint Rustique leur promettant, en échange de leur protection de reconstruire et d'agrandir la chapelle.

Les trois registres sculptés du tombeau représentent un autre récit légendaire, celui de la vision de l’ermite Jean. En bas, l’âme du roi, figurée comme un enfant nu et couronné, est emportée dans une barque vers l'ile de Stromboli, considérée comme une des portes de l'enfer; Dagobert aurait été coupable d'une fâcheuse pratique de disposer à son gré des biens de certaines églises. Au centre, saint Denis, saint Martin et saint Maurice arrachent l'âme des mains des démons. En haut, l’âme toujours représentée par un enfant couronné, est présentée au ciel et accède au Paradis.

On comprend que tous ces récits ont pour but de conforter l'alliance entre la royauté et l'abbatiale, et au moyen-Age, ces réécritures et embellissements sont considérés comme tout à fait légitimes (Sarah Olivier, 2018).
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Gisant de Blanche de Navarre, détail (Atelier de Jean de Liège, vers 1371); © CC BY-NC 2.0 markusschlicht (Flickr).
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Gisants de Pépin le bref et de Berthe aux grands pieds; © Michel Racine.


Louis 9 (saint Louis) fait retrouver 16 dépouilles royales mérovingiennes, carolingiennes et capétiennes, qu'il installe sous des gisants (1264), confirmant le statut de la basilique comme nécropole royale. Saint-Louis ordonne aussi de réserver l’inhumation aux seuls monarques (et à leurs épouses (une prescription qui ne sera pas totalement respectée comme le montre par exemple la présence du gisant de Du Guesclin, chef des armées royales, réalisé vers la fin du 14e siècle).


Le représentation des gisants, très codifiée évolue ensuite vers plus de réalisme. on trouve souvent un chien au pied des reines, censé les guider au royaume des morts. Les rois ont fréquement droit au lion, symbole de force et de résurrection.
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Gisant de Jean de France, détail (cuivre et émaux, provient de Royaumont); © CC BY-NC 2.0 Morio60 (Flickr).
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Gisant de Marguerite d'Artois (1311) ; © CC BY-NC 2.0 Morio60 (Flickr).

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Tombeau de Philippe de France, 1235; © CC BY-NC 2.0 Morio60 (Flickr).
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Tombeau des ducs d'Orléans, 1504, provenant de l'église des Célestins (Paris); © CC BY-NC 2.0 Morio60 (Flickr).

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Monument funéraire de François 1er in Histoire de l'abbaye royale de Saint-Denis en France, par Dom Michel Félibien, 1755, éditeur Léonard; public domain.

Le monumental tombeau de François 1er, de Claude de France et de 3 de leurs enfants, achevé vers 1559 par Philibert Delorme, témoigne de l'art de la renaissance (transept sud). En forme d'arc de triomphe, ses dimensions rendent l'observation difficile dans son positionnement actuel.

Deux autres tombeaux monumentaux font pendant côté nord:
- celui de Louis 12 et d'Anne de Bretagne (commande de François 1er terminé vers 1530);
- celui de Henri 2 et de Catherine de Médicis terminé en 1573 et initialement placé dans un édifice annexe de la basilique, la rotonde des Valois (jamais terminée cette rotonde est démontée en 1719). La rotonde est visible au nord de la basilique sur cette maquette.
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Priants de Henri 2 et Catherine et de Catherine de Médicis; © CC BY-NC 2.0 Morio60 (Flickr).
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Priants de Louis 12 et Anne de Bretagne; © CC BY-NC 2.0 Morio60 (Flickr).

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Monument funéraire d'Henri 2 et Catherine et de Catherine de Médicis: une vertu © CC BY-NC 2.0 Morio60 (Flickr).
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Monument funéraire de Louis 12 et d'Anne de Bretagne: une vertu; © Michel Racine.

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Monument funéraire d'Henri 2 et de Catherine de Médicis; © CC BY-NC 2.0 Morio60 (Flickr).
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Monument funéraire de Louis 12 et d'Anne de Bretagne; © CC BY-NC 2.0 Morio60 (Flickr).

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Sceptre brisé de Charles 5; © Michel Racine.

A la révolution, les corps des rois et reines sont exhumés mais les gisants du 13e siècle sont préservés (mis à part parfois le bris de certains attributs royaux comme les sceptres) et transférés dans le musée d'Alexandre Lenoir. Louis 18 les réinstallera à Saint-Denis dans le transept sud.
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Dalle funéraire de de Michel de Troyes (grand prieur de l'abbaye de Saint-Denis, mort en 1517; © Michel Racine.


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Priants de Louis 16 et de Marie-Antoinette, installés par Louis 18 dans le transept sud (circa 1830). © Michel Racine

La crypte ↑ 

Le sarcophage d'Arégonde a été placé dans une des chapelles de la crypte.
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Chapelle des Bourbons; © Michel Racine.
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Chapelle d'Hilduin; © Michel Racine.

Au sud, la chapelle des Bourbons présente les monuments funéraires de cette dynastie ainsi que le cœur de Louis 17. Au nord les ossements royaux récupérés après la révolution par Louis 18 sont empilés dans une petite pièce.

La chapelle d'Hilduin présente plusieurs dalles funéraires avec les restes de Louis 16 et de Marie-Antoinette (transférés du cimetière de la Madeleine) et de Louis 18, le dernier roi enterré dans la basilique.

Bibliographie

 ↑  2024. Le bon roi Dagobert, faux fondateur de Saint-Denis. Campus 133. Université de Genève.

 ↑ Anne-Marie Romero. 1992. Saint-Denis, la montée des pouvoirs. Presses du CNRS.