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Dossiers photographiques

Le deuxième monastère de la visitation qui se situait rue Royale est reconstruit (troisième monastère) sur des terrains situés au dessus du château (la translation des reliques de Saint-François de Sales et de Jeanne de Chantal donne lieu à une procession grandiose en 1911). La basilique de la Visitation, voisine du monastère et achevée un peu plus tard (1930) se dresse sur les contreforts du Semnoz et est visible de toute la ville. L'architecture est imposante, mais seul le carillon qui comprend une cloche de 4 tonnes est classé monument historique.
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L'Impérial palace en 2019; © Michel Racine
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La villa Ruphy, sur la presqu'ile d'Albigny, avant 1912; auteur inconnu, domaine public


Le tourisme se développe avec la construction de l'Impérial Palace (1913) qui remplace la jolie Villa Ruphy, rachetée par l'entrepreneur René Layvraz. L'architecture de l'Impérial s'inspire du château français du 17e siècle. La plage municipale voisine, agrémentée de plongeoirs est inaugurée en 1935. Mais l'hôtel sert d'hôpital pendant la seconde guerre mondiale, puis ferme en 1965 alors qu'il est devenu possession de la municipalité. la dégradation du bâtiment s'accélère après un incendie en 1981 et il faudra attendre 1990 pour sa rénovation en hôtel de luxe.

Au début du 20e siècle la construction d'autres hôtels accompagne celle de l'Impérial, et plusieurs navires à vapeur sont lancés sur le lac (ont Le France, en 1909). Les projets d'aménagement du Pâquier (construction d'un casino) et d'alignements urbains dans la vieille ville du début de siècle seront par chance abandonnés.

Les années 1950 ont été marquées par un accroissement considérable de la population. Annecy comptait environ 27 000 habitants en 1946, 33 000 en 1954 et 55 000 en 1968, un doublement en vingt ans pour une ville qui n'avait rien de "nouvelle". Cette époque est marquée par des projets architecturaux qui seraient irréalisables aujourd'hui et ont déjà suscité, en leur temps un début d'opposition (cf Front de lac). La préservation des bords du lac est aujourd'hui devenue un objectif soutenu par une partie importante de la population, ce qui suscite des débats très vifs avec certains des décideurs.

L'un des architectes qui a le plus travaillé sur Annecy est Maurine Novarina. Il intervient comme coordonateur en traçant les plans de masse du front de lac (avenue d'Albigny) et de la ZUP de Novel, mais aussi comme concepteur de nombreux bâtiments.

Une architecture résidentielle ↑

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© Michel Racine

10 rue André Theuriet

Cette villa du début du 20e siècle montre une inspiration complexe issue à la fois de l'art nouveau (les encadrements des fenêtres) et régionale (le balcon du dernier étage, la tour un peu cachée sur la gauche). L'emploi du béton est général, mais camouflé.
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10 rue André Theuriet,
© Michel Racine

13 rue André Theuriet (Le Clos)

La première réalisation à Annecy de Claude Fay date de 1953. C'est un immeuble très innovant par le plan relativement libre des appartements; les balcons évoquent le style "paquebot".

Aujourd'hui, l'immeuble, perpendiculaire à la rue pour bénéficier au maximum de la vue du lac et de l'ensoleillement, se dissimule dans la végétation.
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La Résidence, de Paul Jacquet, 1955; © Michel Racine

15 rue de la préfecture (La Résidence)

Immeuble construit par Paul Jacquet et achevé en 1954, donc en même temps que le précédent; il possède en commun avec lui des formes arrondies; mais il en est l'antithèse et s'apparente plus aux années trentes par ses formes massives et la volonté de prestige. L'étagement des terrasses prolonge les séjours vers le paysage du lac.
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Le premier magasin Carrefour de France, avenue du Parmelan
Crédit Archives municipales
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Etat actuel, sous l'enseigne Casino
© Michel Racine

Avenue du Parmelan

L'un des premiers supermarchés de France ouvre à Annecy en 1960, fondé par Marcel Fournier et Louis Defforey. Le nom de la société vient en partie du fait que le magasin est à un carrefour de rues...
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boulevard du Lycée, par Robert Cottard, 1965; © Michel Racine

Immeuble La Forclaz

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Construit en 1965 par Robert Cottard, l'immeuble La Forclaz, est représentatif du mouvement moderne. Des pilotis élèvent le bâtiment au dessus du sol.

Les halls d'accès en pierre et en verre sont particulièrement soignés et s'ornent d'œuvres d'art.
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boulevard du Lycée. Terre cuite de Robert Charlier; © Michel Racine
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Par Robert Cottard, 1965; © Michel Racine

Le front de lac ↑

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Projet de casino par Saturnin Favre (jamais réalisé); Domaine public
Au début du 20e siècle, Saturnin Favre, avait obtenu une concession pour construire sur le Pâquier un casino, un hôtel de 200 chambres, une ligne de tramway et... un champ de course. Il était alors soutenu par la municipalité, la chambre de commerce, le syndicat d'initiative et le conseil général. Heureusement (pour nous) il est mort prématurément en 1907 et le projet abandonné.

Tout n'était pas négatif et plus de cent ans plus tard la contruction de lignes de tramways reste un objectif difficile à réaliser.

En 1950, l'avenue d'Albigny ne comptait que quelques villas et de magnifiques Platanes.
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Projet René Gagès, 1950; © Michel Racine
Maurice Novarina est chargé d'établir un plan de masse. Il s'agit de marquer la bordure du lac par une architecture emblématique visible de loin. Quatre tours / barres de 12 étages sont prévues, reliées à leur base par une ligne continue d'édifices plus bas enjambant les rues perpendiculaires et se prolongeant sur la presqu'ile d'Albigny. Mais déjà de tels projets soulèvent des oppositions.
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Les tours de l'avenue d'Albigny, Maurice Novarina
© Michel Racine

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Les tours de l'avenue d'Albigny, Maurice Novarina
© Michel Racine

Georges Grandchamp au sein de la "Ligue urbaine et rurale", lance une pétition qui recueille plus de 2 000 signataires. Pétition qui réussi à tempérer l'ardeur immobilière, malheureusement sans l'anéantir complètement: seules trois tours sont construites: Le Panoramic (1955) d'Albert Janin, Le Carignan ou Président (1959) de Paul-Louis Coulin, les Marmottes (1964), suffisamment en retrait pour ne pas avoir à abattre les platanes, et la presqu'ile est "préservée" (L'Essor Savoyard, 2010).

Chacun appréciera l'évolution du front de lac qui d'un Pâquier (paturage) sauvage se transforme en incongruité architecturale.
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Les Marquisats
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Résidence étudiante, Les Marquisats
© Michel Racine

Les Marquisats ↑

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Beaucoup plus réussie est la construction (entre 1963 et 1974) d'un ensemble d'équipements collectifs (MJC, centre de séjour, restaurant, théatre, gymnase) de l'autre côté du port sur un terrain arboré de 12 ha nommé le Clos Laeuffer. Les architectes sont André Wogensky et Louis Miquel. L'ensemble est parfaitement intégré sur ce côteau en pente et les arbres centenaires du Clos Laeuffer sont en grande partie conservés. Wogensky a longtemps travaillé avec Le Corbusier et applique ici quasiment tous les principes de son style. L'intérieur est largement décloisonné et une grande rampe permet de passer d'un niveau à l'autre en remplaçant des escaliers. L'intérieur a malheureusement été dégradé en 1993, lorsqu'une école d'art remplace le théatre et que de nombreuses cloisons sont ajoutées (une restauration partielle a été réalisée dans les années 2010 pour restituer la majesté initiale des lieux). Cet ensemble est le plus beau témoignage d'architecture moderne visible à Annecy.

Novel ↑

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Novel vient de "Nouvelle Parcelle", nom donné à cette zone sur le cadastre Sarde de 1730. Teppes signifie "terre laissée en friche". Les noms de lieux sont donc bien antérieurs à la création de cette ZUP. La procédure des Zones à urbaniser en priorité est mise en place par la loi en 1960 pour organiser la construction de logements et d'équipements collectifs nécessités par l'exode rural. La ZUP de Novel représente la deuxième application en France de cette procédure. Elle permet au quartier de Novel de voir le jour sur des terrains en grande partie agricoles (Novel sud et Novel nord) et en remplacement du camp militaire des Glières (Novel centre). Les principaux architectes sont Maurice Novarina, Jacques Lévy et Claude Fay.
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Immeuble collectif pré-ZUP, 1958, Novel sud, par Maurice Novarina © Michel Racine
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Immeuble collectif pré-ZUP, 1958, Novel sud, par Maurice Novarina © Michel Racine
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Le Colisée est le nom de ces garages groupés en cercle, 1958, Novel sud, par Maurice Novarina © Michel Racine

Novel sud est construit entre 1961 et 1969. Les principes de l'urbanisme moderne sont appliqués: les façades sur rue sont discontinues; des cheminements propres à chaque ilot sont aménagés permettant la communication entre bâtiments et équipements collectifs.
La construction de Novel nord (souvent appelé aujourd'hui quartier des Teppes) s'enchaine de 1965 à 1972. Une grande place est laissée à des allées piétonnières et aux espaces verts sur les espaces dégagés par le choix de bâtiments souvent imposants.
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par Jacques Lévy.
© Michel Racine

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Novel centre par Jacques Lévy.
© Michel Racine

Novel centre est plus tardif (1971-1980) car il a fallu attendre le transfert de la caserne militaire à Cran-Gevrier. Comme précédemment, la contruction mèle des tours à des immeubles bas plus horizontaux. Les décrochements des balcons rompent la verticalité des tours dont certaines atteignent 17 étages. Des passerelles les associent deux par deux.
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par Jacques Lévy.
© Michel Racine

Mais cette fois les bâtiments et les cheminements piétoniers sont placés sur une dalle qui recouvre les parkings et toute circulation des véhicules. La continuité des bâtiments bas recrée une rue (Louis Armand), unique et sinueuse, agrémentée d'espaces verts et d'une fontaine; cette continuité différencie une façade publique donnant sur la rue et une façade privée donnant sur des espaces verts ou jardins. Le niveau bas s'ouvrant sur cette rue est réservé à de nombreux commerces (dont la viabilité est perturbée aujourd'hui par le développement des centres commerciaux périphériques).

Ne négligez d'entrer dans l'église Saint-Louis construite en 1961 par l'architecte Michel Saint-Maurice; l'esthétique intérieure est particulièrement réussie dans sa globalité et dans ses plus petits détails comme le plancher en bois debout et les bénitiers; la tapisserie est l'œuvre de l'artiste portugais Pierre Paolini.

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Bénitier, par Michel Saint-Maurice; © Michel Racine
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Eglise Saint-Louis, par Michel Saint-Maurice; © Michel Racine

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par Maurice Novarina; © Michel Racine

Palais de justice ↑

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Le palais de justice (1978) du à l'architecte Maurice Novarina. L'extérieur est spectaculaire avec sa construction sur un pivot central qui dégae la vue au sol et allège un édifice portant massif; l'intérieur est plus étouffant.

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Le palais de justice (1978); architecte: Maurice Novarina; © Michel Racine
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par Maurice Novarina; © Michel Racine.

Parking de l'hôtel de ville ↑

Annecy possède son parking hélicoïdal. Construit en 1995 par Jean-Michel Wilmotte qui réaménage la place de l'hôtel de ville: création d'un bassin à débordement.
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Le parking de l'hôtel de ville; © Michel Racine.

Références

 ↑ 2013. Tirez la Chevillette, la porte forme et symbolique. Livret de l'exposition, Musées d'Annecy.
Sylvie Mazard & Pierre Vallet. 2005. Itinéraires d'architecture. Agglomération d'Annecy. XXe siècle. Editions Comp'Act; CAUE de la Haute Savoie.

L'Essor Savoyard du 28 janvier 2010.

les plus hauts immeubles d'Annecy (la liste est limitée au centre ville et oublie les immeubles du quartier de Novel, sans compter les communes périphériques désormais fusionnées avec Annecy).

Bibliographie


CAUE Haute Savoie.
2010. La Haute Savoie en construction, 1860, 2060. Exposition.

. Maurice Novarina, un architecte dans son siècle. Journal de l'exposition (pdf).

2017. Intervenir sur l'architecture du XXe siècle. Dossier pédagogique. Union régionale des CAUE Auvergne-Rhône-Alpes.

Wilmotte & associés (Archiguide).

Les monuments classés (Wikipédia).
Les monuments historiques classés et ceux du label XXe siècle (Actuacity).
Theatrum sabaudiae vol.3. Sur le site des archives de la Haute-Savoie.