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Dossiers photographiques

Longtemps restée à l'écart du tourisme de masse, l'ile de Sumba conserve une forte personnalité. L'importance de de la religion animiste et du culte des morts, son omniprésence dans les activités quotidiennes et les fêtes, sa relation avec l'architecture des villages et des maisons l'explique en bonne partie.

La promotion du tourisme est un élément important de la politique locale et elle ne va pas toujours dans la bonne direction; ici comme ailleurs peut-être vaut-il mieux ne pas trop attendre.

Prenez votre temps, sortez des grandes routes (qui ici n'existent pas vraiment) éloignez vous des villes (qui ici ne sont que de gros villages), un voyage dans le temps, et peut-être dans le Prai Marapu des esprits des ancêtres s'offre à vous.

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Vallée de Sodan
© Michel Racine
L'ouest de l'ile est plus humide et plus riche que l'est, mais la plupart des ikats sont produits à l'est.
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Chevaux
© Michel Racine
Si la religion animiste ne persiste dans d'autres iles que superposée à des pratiques chétiennes, elle a en grande partie conservé son autonomie sur Sumba. Une personnalité importante de chaque village est le rato (chamane). Ce n'est pas nécessairement le chef du village, mais il peut être élu par la communauté.

Le culte des morts est un élément central dans les croyances animistes (Marapu) de l'ile de Sumba; les esprits des morts mènent une existence éternelle dans le Prai Marapu. Dans ces croyances, l'ile de Sumba communique avec le Prai Marapu par une échelle faite de cornes de Buffle.
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Tirage de pierre tombale à Kaduakarat
© Michel Racine

Tirage de pierre tombale  (détails

Il est fréquent d'assister à des transports de pierre tombale (Tarik Batu), la partie finale du trajet consistant à tirer à l'aide de cordes et à la main des blocs de pierre de plusieurs tonnes sur des rondins de bois. L'ensemble d'un village participe à la cérémonie souvent différée de plusieurs années ou dizaines d'années après la mort, le temps de réunir les fonds nécessaires.

Pasola 

«A la fin de la saison des pluies (février-mars) se donnent de grandes festivités de nouvel an dont le pasola à Sumba Ouest est la plus populaire ; il s'agit d'une joute à cheval, opposant deux groupes de cavaliers. L'affrontement, au moyen d'épieux que se lancent les protagonistes, peut être meurtrier. Mais il faut qu'il en soit ainsi pour que ce rite de fertilité atteigne son but » (Bonneff, 1980).

Le pasola s'inscrit dans la religion marapu et sa date exacte est fixée par les rato (chamanes); le pasola est associé avec les migrations de certains néréides (vers marins) qui se reproduisent une fois par an au moment des pleines lunes. Dans la mythologie locale, ces vers représentent la princesse Nyale, fille du roi de la Lune et apportent fertilité et prospérité.

Il existe quatre pasola traditionnels (pasola de Lamboya à Sodan, de Kodi à Tosi, de Wanokaka à Waigalli, de Gaura à Ubu Olehka), mais des dérives existent pour les remplacer ou y ajouter des foires touristiques à des dates fixées à l'avance (Michel Frank, 2006).
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Marché de Waingapu
© Michel Racine

Après la naissance du premier enfant les femmes se tatouaient les bras ou les jambes.
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© Michel Racine

Architecture  (détails

Sumba est une des iles indonésiennes où l'architecture traditionnelle est la mieux préservée. L'ancrage de la population dans le culte animiste et la valeur de la maison en tant qu'objet symbolique l'expliquent en bonne partie. Malheureusement les incendies sont fréquents et les maisons ne sont pas toujours reconstruites en matériaux traditionnels.

Villes et villages 

Les Sundanais ont longtemps vécu dans une atmosphère guerrière marquée par des conflits entre clans (un clan est une famille élargie) et entre villages. Les crânes des vaincus étaient exhibés sur un arbre sacré (andung) généralement situé au centre du village. Aussi, les villages étaient construits sur des collines, plus faciles à défendre.

La notion de propriété s'applique au clan et non à l'individu. Les positions dominantes de certains clans ont traversé l'histoire coloniale et celle de l'indépendance pour s'exercer encore aujourd'hui.
Waingapu (détails)
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Vendeurs de souvenirs, hôtel , Waingapu
© Michel Racine

Waingapu, la "capitale" de l'ile possède un marché accueillant. On y trouve de la vannerie et des ikats. D'autres boutiques existent en ville et des vendeurs indépendants font souvent le siège des hôtels.
Ama Tukang, une boutique / homestay au sud de Waingapu, possède une importante collection d'ikat en provenance des villages voisins ou produits sur place; les prix sont élevés, mais l'endroit mérite la visite, même si vous n'achetez rien. A mon avis, vous aurez beaucoup de mal à résister, sauf si vous êtes en début de voyage et que vous ne voulez pas vous alourdir ou à l'inverse si vos baggages débordent. Pour la fonction homestay c'est aussi une bonne adresse, bon marché, mais avec un risque encore plus grand pour votre bourse et vos baggages car les ikats seront en permanence sous vos yeux.
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Bateau de pêche, Waingapu
© Michel Racine

L'autre centre d'activité est le port à visiter tôt le matin pour assister au chargement ou au déchargement des pinisi ou tard le soir pour profiter d'un poisson grillé dans un des warungs (Pasar Malam).
Prainatang (détails)
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Village de Prainatang
© Michel Racine

Avec un véhicule, il est possible de visiter le village de Prainatang (Prai Natang), au nord ouest de Waingapu, quelque peu muséifié: l'architecture est belle, mais c'est aujourd'hui surtout un lieu de cérémonie et de réception des touristes, la plupart des habitants vivant dans la vallée en contrebas, plus humide et plus fertile.

En chemin la plage de Kambera (Pantai Kambera ou Puru Kambera) se prête à la baignade et le village de Hambapraing produit des ikat teints à l'indigo.
Waikabubak (détails)
Une multitude de villages intéressants s'égrennent le long de la route entre Pasunga et Waikabubak (région d'Anakalang), arrêtez vous selon votre inspiration.

Plus un regroupement de villages qu'une véritable ville, Waikabubak possède un marché sympatique et constitue un bon point de départ pour les explorations qui suivent. Certains villages sont accessibles à pied, d'autres nécessiteront un transport privé. Les villages probablement les plus spectaculaires sont au sud ouest de Waikabubak, comme la vallée de Sodan, Ratenggaro et de l'autre côté de la rivière Wiha, Wainyapu.
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Tarung
© Michel Racine

Le village de Tarung, accessible à pied du centre de Waikabubak est habitué aux touristes, ouvert et accueillant, et conserve(ait) une belle architecture (malheureusement il aurait entièrement brûlé en 2017).
Sodan  (détails)
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Sodan
© Michel Racine

La vallée de Sodan comprend une multitude de très beaux villages accrochés aux pentes et aux crêtes.
Ratenggaro (détails)
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Ratenggaro
© Michel Racine

Les villages de l'extrême ouest comme Ratenggaro semblent entrer en concurence pour la hauteur de leur toits.
Wainyapu  (détails)
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© Michel Racine

Plus rarement visité par les touristes, ce gros village, juste de l'autre côté de la rivière par rapport à Ratenggaro, est très accueillant.
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Ikat,
© Creative commons (Attribution: Michel Racine, pas d'utilisation commerciale)

Ikat (détails


La production d'ikat est très active. La présence de motifs figuratifs de grande taille, souvent anthropomorphiques est notable. Au 20e siècle l'ile s'est tournée vers l'exporation en développant l'utilisation de motifs populaires auprès des touristes.

En pratique 

Ferry
Les ferrys en Indonésie recueillent des avis contrastés des voyageurs; je n'en ai personnellement pas pris depuis ou à destination de Sumba; vous aurez peu d'intimité et les intérieurs sont souvent enfumés. Pour un trajet de jour d'une douzaine d'heures, cela devrait rester supportable.

La compagnie nationale Pelni dispose de ferrys accomplissant de longs parcours. Le trajet Waingapu – Ende est réalisé tous les 15 jours dans un sens et dans l'autre (navire KM Awu ou KM Kelimutu, mais cette dernière information peut être obsolète). Le site de la Pelni, malheureusement confus, donne le planning, mais peu de jours à l'avance. La Pelni a un bureau sur le port (ancien) de Waingapu mais l'embarquement se fait dans le nouveau port à l'opposé dans la baie et à 7 km de l'ancien.

Les ferrys ASDP ont plus mauvaise réputation; je devais en prendre un entre Waikelo et Sape (sur Sumbawa) annulé sous de faux prétextes. Par contre le site web ASDP est bien plus clair que celui de la Pelni. De Waingapu, ASDP navigue vers Ende et Kupang (ce dernier port en passant par Sadu). Les billets s'achètent quelques heures avant l'embaquement qui se fait aussi dans le nouveau port mais encore plus loin de l'ancien, à 9 km.
Avion
Les vols Denpasar - Kupang (et retour) font un stop sur Sumba: Garuda (la compagnie la plus fiable) et Nam Air (= Srivijaya) se posent à Tambolaka; 3 fois par semaine, Nam Air se pose aussi à Waingapu.

Wings Air (filiale de Lion Air) assure une liaison Denpasar - Waingapu (et retour), ainsi qu'une liaison Ende - Kupang (et retour) avec un stop à Tamboloka. Wings Air utilise des ATR et vous devrez payer un supplément (raisonnable) au delà de 10 kg de bagages de soute.

En choisissant bien vos avions, vous n'aurez à parcourir qu'une fois le trajet terrestre entre Waingapu et Tambolaka (ou l'inverse).

Informations à jour en 2019, à contrôler avec les sites donnés dans la page références.
Dans l'ile
Les routes sont en bon état; les bus locaux permettent de se déplacer entre les villes, mais il vous faudra probablement recourir à la location d'une voiture avec chauffeur ou à une moto-taxi pour visiter les villages; ceux qui en ont l'habitude peuvent conduire une moto eux mêmes, ce qui laisse beaucoup plus de liberté (votre hôtel pourra vous aider à trouver un loueur); les routes des villages sont étroites, mais asphaltées pour la plupart et la circulation est très faible.

Références

 Boneff M.. 1980. Guide Archipel 4: l'ile de Sumba. Archipel 19, Paris, Ehess, p. 130.

 Michel Frank. 2006. Identités locales sacrifiées sur l'autel du tourisme mondial en Indonésie. L'exemple des pasola à Sumba-Ouest. in Furt J.-M. et Michel Frank. Tourismes & identités. L'Harmattan. 2006.

Bibliographie

Matthias Jungk. Sumba. Un guide écrit par un individuel, mais bien plus riche que les guides établis (anglais, allemand); incontournable pour tout voyageur "indépendant".

Pulau Sumba. Une carte topographique . Un peu déficiente question toponymie, mais vous pouvez l'imprimer et ajouter des notes manuelles.