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Dossiers photographiques

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Maison traditionnelle (kolwat)
© Michel Racine
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Ce village est habité
© Michel Racine

Le village le plus touristique d'Alor est un village de l'ethnie Abui. Sa position proche de la côte est surprenante car en langue abui, le nom même de l'ethnie signifie "montagne". Le village résulte de la migration forcée, au début des années 60, d'une quarantaine de familles vivant à Taklekan, plus haut vers le centre de l'ile (Lorsignol, 2006); à cette époque le gouvernement indonésien souhaitait mieux contrôler les peuples montagnards qui vivaient dans des zones très isolées (il n'y a longtemps eu aucune route sur Alor).

Le village de Taklekan a disparu et à Takpala, existent toujours une douzaine de maisons traditionnelles en forme de pyramide (kolwat); cinq d'entre elles sont habitées.
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Toit d'une des maisons cérémonielles (kanuruat)
© Michel Racine

Deux maisons cérémonielles (kanuruat) liées au culte des ancêtres, le kanuruati et le kolowati ont pu être reconstruites dans les années 80; ne peuvent y entrer que certaines personnes. Lors des fêtes, le village sert de lieu de rassemblement pour de nombreux clans Abui des alentours.

Toujours dans les années 80, le tourisme se développe, stimulé par l'accès aisé, l'architecture traditionnelle soigneusement conservée de la plupart des habitations et la jolie vue sur la mer.

Aujourd'hui, vous pouvez moyennant quelques roupies vous faire photographier dans une tenue de guerrier Abui et des démonstrations de danses peuvent être organisées pour les touristes en groupe (1); les terrasses situées au pied des maisons se couvrent d'artisanat de qualité variable.
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Débauche de souvenirs touristiques
© Michel Racine

Mais il n'est pas dit que les principaux bénéficiaires de cette évolution soient les habitants du village: une partie des étals, sinon tous, sont tenus par des marchandes extérieures au village et ce qui est vendu n'est pas souvent produit sur place; l'art du tissage, en particulier, est étranger à la culture Abui (Lorsignol, 2006). Les marchandes sont simplement là pour profiter du flux touristique et le cadre peut inciter aux achats. Quand aux danses, il n'est pas difficile d'imaginer que la commission des agents touristiques est bien supérieure à la rémunération des danseur(se)s.

La maison

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Maison traditionnelle (kolwat)
© Michel Racine
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© Michel Racine

La grande maison comporte généralement trois niveaux. Le premier niveau, ouvert, est le lieu de vie en journée. Le second niveau, sous le toit, est celui de la cuisine et de la vie en commun en saison des pluies. Le troisième niveau est le grenier à grain; il sert aussi à stocker tous les objets précieux comme le moko et les cymbales (parfois placés dans un quatrième niveau).

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Maria Kafelkai, l'une des habitantes les plus impliquée dans le contact avec les touristes, ici devant sa maison de bambou (qui n'est pas une maison traditionnelle) © Michel Racine

Références

 (1) On trouve facilement sur le web des photographies de ces danses; si les danses circulaires (lego-lego) sont bien une tradition Abui, la tenue portée par les femmes enveloppées dans un sarong en ikat et un petit panier dans le dos n'est pas sans interroger et semble une introduction moderne.

 Paul Lorsignol. 2006. Visite d'un village abui de l'ile d'Alor. Ikewan 60: 12-13.

Bibliographie

Jacques Bravo. La tribu menacée des Abui sur l'ile d'Alor. Quelques (trop belles) photographies.

R. Schefold. 2008. Indonesian Houses, volume 2. KITLV Pree, Leiden: p493.
Où on apprend que la maison traditionnelle pyramidale serait une évolution du grenier à grains.