20160814_c06 20160814_c83 20160814_c53

Dossiers photographiques

Ceux qui auront traversé d'ile en ile depuis Flores retrouveront avec Alor une destination un peu plus touristique (toutes proportions gardées, car le tourisme reste ici encore balbutiant, profitez-en). Malgré sa taille relativement réduite les déplacements à l'intérieur de l'ile ont longtemps été très compliqués; il en est résulté le maintien d'une multitude de cultures. On a distingué 13 ethnies dans cette seule ile et les langues locales y étaient encore plus nombreuses 1; l'influence Papoue est très sensible dès qu'on s'éloigne de la côte.
Je ne suis resté qu'une seule journée et deux nuits sur cette ile qui mériterai bien plus.
20160814_c40
Sous le grenier à grains; la plateforme sert de lieu de vie et de réunion dans la journée
© Michel Racine
20151002_c66
Sous le grenier à grains;

© Michel Racine

Dans la plupart des villages, les greniers à céréales sont les seuls éléments architecturaux traditionnels conservés, mais il sont présents partout. Quelques villages ont aussi conservé des maisons traditionnelles, le plus connu étant Takpala. En cherchant bien, d'autres villages peuvent être visités dans l'intérieur de l'ile (péninsule nord-ouest de l'ile: Mombang, Kopidil, Tulta -certains de ces villages fabriquent toujours des vêtements traditionnels en écorce-; partie principale d'Alor: Mainang, Kelaisi, Apui, Ateng, Melan, Lakwat; étaient aussi cités: Atimelang -ethnie Abui-, Langkape, Latevui -ethnie Abui-;) mais les plus intéressants sont peut-être ceux dont vous ne trouverez le nom nulle part.
20151002_c66
Moko (lors d'une foire à Kalabahi)
© Michel Racine

Les moko, tambours de bronze dont l'origine se situerait au Vietnam (culture Dong Son, puis fabriqués en grand nombre par des marchands bugis et chinois et détruits ensuite par les hollandais) sont particulièrement présents ici; un moko (ou plusieurs) était traditionnellement offert à la famille de la mariée par les parents du futur époux, mais leur nombre devenant rapidement insuffisant, cet objet est devenu particulièrement précieux et des couples ont du émigrer dans d'autres iles faute de moko...
20151002_c66
Les villageois de Montang utilisent encore des vêtements d'écorce (au moins lors de cérémonies)
© The Random Picture (auteur inconnu)

Aujourd'hui les traditions se perdent, pour le meilleur et pour le pire. Il fut un temps (20e siècle) où on chassait les têtes; les pagnes d'écorce ont disparu dans les années 1950, la chasse à l'arc plus récemment.

20160814_c46
Débauche de souvenirs touristiques
© Michel Racine

Takpala (détails

Le village le plus connu et le plus touristique d'Alor est habité par l'ethnie Abui.

La première impression est assez désagréable: des stands de vendeuses d'ikat et d'artisanat de qualité très variable sont installés partout au point de masquer les maisons; plus loin, on vous propose de vous déguiser en guerrier abui moyennant quelques roupies. Des danses "traditionnelles" sont organisées pour les touristes en groupe.

La seconde impression corrige un peu la première: les vendeuses ne sont pas trop insistantes (et l'on apprend même que la plupart d'entre elles ne viennent pas du village!) et l'accueil charmant et désintéressé prend rapidement le dessus.

En approfondissant un peu vous apprendrez que les habitants ont beaucoup souffert de ce qu'il faut bien appeler racisme et tiennent d'autant plus à leurs traditions qu'elles leur ont lontemps été interdites; mais l'avenir de Takpala n'est pas simple pour autant.

20160811_c78
Ternate depuis Alor Kecil
© Michel Racine

Ternate 

L'ile de Ternate (à ne pas confondre avec son homonyme des Moluques) produit les plus beaux ikats de la région, en utilisant toujours des teintures naturelles.

Les côtes de Ternate sont favorables au snokelling, de même que la petite ile voisine de Kepa et les rivages d'Alors Kecil ou d'Alor Besar qui lui font face. Les fonds se prêtent aussi à la plongée. Le spectacle est ici exceptionnel  et l'eau est d'une pureté cristalline.

Il existe bien d'autres spots sur l'ile d'Alor comme la plage de Mali près de l'aéroport.

En pratique 

Kalabahi possède quelques hôtels et restaurants; comme souvent il existe des petits warungs sur le port.

Les hébergements les plus prisés sont sur la minuscule ile de Kepa, à 5 min de pirogue d'Alor Kecil. Le centre de plongée La p'tite Kepa est le plus ancien, mais 4 bungalows viennent d'ouvrir à côté (Marangki Kepa, marangkikepa (arobase) gmail.com) +62 08 53 39 38 38 80; si tout est complet (assez rare), essayez de vous héberger chez l'habitant, une quinzaine de familles vivent sur place. Vous verrez souvent des Dauphins; les fabuleux fonds de snorkelling sont à quelques dizaines de mètres de votre lit (la plage située à l'ouest de l'ile est encore plus intéressante); méfiez-vous des violents courants de marée.
20160811_c78
Le Ferry Namparnos
© Michel Racine

L'aéroport de l'ile se trouve à Mali; Wings Air et Transnusa assurent chacune au moins un vol par jour entre Alor et Kupang.
Kalabahi est relié à Kupang par ferry.
Le ferry Namparnos fait deux fois par semaine la liaison Larantuka - Lewoleba (sur l'ile de Lembata) - Baranusa (sur Pantar) - Kalabahi et des bateaux plus petits circulent aussi entre Kalabahi et Baranusa.

Notes

alor_pantar_languages
Langages
Domaine public (Source: Wikimedia)

↑ 1 Langues locales de Pantar et Alor, aujourd'hui en voie de disparition.

Bibliographie

Languages of Indonesia (Nusa Tenggara)

Cora Du Bois. 1960. The people of Alor; a social-psychological study of an East Indian island. Cambridge: Harvard University Press. 
L'ethnologue américaine Cora Du Bois a séjourné dans le village d'Atimelang de 1937 à 1939. Un classique de l'anthropologie.