Dossiers photographiques
- Illustres par C215, vues: horizontales, verticales;
La série "Illustres !" représente des femmes et hommes célèbres ayant obtenu la reconnaissance de la République. S'y ajoutent, toujours dans cet arrondissement d'autres portraits de personnalités faisant consensus, mais pas forcément "entrées" au Panthéon.
Construite pour abriter les reliques de Sainte-Geneviève dans un style inspiré du Panthéon de Rome, l'édifice central de cette place perd ses fonctions religieuses en 1791, un an après son achèvement. La Convention décide alors de transformer le monument en mausolé consacré aux "grands hommes" à l'image de ce qui s'était fait en Italie pour le Panthéon de Rome. Il s'agit d'asseoir la Révolution sur une base spirituelle remplaçant les fêtes religieuses désormais interdites. Les fenêtres latérales sont supprimées, ce qui rend le monument très sombre.
Mirabeau est le premier inhumé sur place; il en ressortira en 1792, suite aux aléas de l'histoire. Voltaire lui succède quelques mois plus tard et la présence de son corps (de celui de Rousseau et de quelques autres) résistera aux réaffectations temporaires du monument comme lieu de culte, en 1801, puis 1852. Le Panthéon perd de nouveau sa fonction d'église en 1885 tout en conservant sa croix chrétienne sommitale jusqu'à nos jours, trace d'une histoire compliquée.
Descartes est mort en 1650 à Stockholm, peut-être empoisonné; ses ossements (dont l'authenticité est discutée) sont actuellement en l'église Saint Germain des Près, leur transfert au Panthéon décidé en 1792 n'ayant jamais été appliqué.
En 1794, la Convention nationale ordonne la translation des restes de Jean-Jacques Rousseau dans le monument transformé en "Panthéon". Les écrits de Rousseau, né à Genève et mort en 1778 à Ermenonville, ont exercé une influence considérable à différentes époques et en différents lieux, avec des interprétations diverses, parfois contradictoires.
Le livre Le Contat social influence la révolution française de 1789. Rousseau est critiqué par les libéraux pour son idée de volonté générale.
Rousseau est très moderne par sa vision de la nature et sa préférence pour la démocratie directe, moins par la place qu'il donne aux femmes.
Marcellin Berthelot est un chimiste touche à tout, qui s'est intéressé à l'histoire des sciences asiatiques et arabes, à l'alchimie, et qui défend l'expérimentation; homme politique et plusieurs fois ministre, il cède ses brevets à l'état, défend les défavorisés et prône l'indépendance de la science envers la religion; sa croyance absolue dans le progrès scientifique s'illustre dans un discours de 1897 intitulé En l'an 2000 et digne des meilleurs romans de science fiction (Berthelot, 1897). Entré au Panthéon en 1907.
Jean Jaurès nait dans une famille de la petite bourgeoisie provinciale de Castres. Brillant élève il est remarqué par Félix Deltour, qui lui obtient une bourse et lui permet de poursuivre ses études dans les lycées parisiens. En 1878, il est reçu premier au concours d'entrée à l'école Normale Supérieure (en philosophie) et devient agrégé. Il enseigne la philosophie au Lycée Lapérouse à Albi, puis à la faculté des Lettres de Toulouse. Soutenant Jules Ferry, il est élu député en 1885. Il publie en 1888 dans "La Dépêche de Toulouse", un texte fondateur, la "Lettre aux instituteurs et institutrices". Battu aux élections de 1889, il reprend ses cours à Toulouse. Quand éclate la grève des mineurs de Carmaux en 1892, il les soutient par ses articles dans "La Dépêche", accusant le gouvernement (qui envoie l'armée contre les mineurs) d'être aux mains des capitalistes favorisant la finance et l'industrie aux dépens du respect des personnes. Il est élu aux élections de 1993 et va représenter à l'assemblée les mineurs de Carmaux.
Battu en 1898, il est réélu en 1902 et participe à la fondation du parti socialiste français; deux ans plus tard, il fonde le quotidien socialiste "L'Humanité".
En 1901, quand le gouvernement promulgue la loi sur les associations, les congrégations religieuses en sont exclues et soumises au contôle de l'Etat, alors que les relations entre le Vatican (représentant l'église catholique) et la France sont encore régies par le Concordat de 1801 entre Napoléon Bonaparte et Pie 7. Selon ce Concordat, évêques et prêtres sont rémunérés par l'Etat, mais non les congrégations; les évêques sont nommés à la suite de négociations complexes entre l'Etat et Rome. La loi de 1902 réveille une guerre scolaire et en 1904 les relations diplomatiques entre la France et le Vatican sont rompues.
Ferdinand Buisson, Aristide Briant et Jean Jaurès contribuent à un compromis voté en 1905 sous le nom de "Loi de séparation des églises et de l'Etat". Cette loi garanti la liberté de conscience, le libre exercice des cultes et le principe de séparation des églises et de l'Etat. Aucun culte n'est subventionné. Les associations cultuelles sont autorisées, mais ne peuvent se livrer à des activités sociales, éducatives ou commerciales. Les biens religieux saisis en 1789 restent propriété de l'Etat mais peuvent être confiés aux associations cultuelles (l'Etat conservant la gestion des grosses réparations). La loi est rejetée par le Pape et ne parvient pas à éteindre la guerre scolaire qui se manifeste entre autres par la publication en 1909 d'une liste de manuels d'histoire et de morale interdits par les évêques. Elle ne met pas fin aux activités éducatives des associations cultuelles.
Jean Jaurès, qui milite pour la paix est assassiné le 31 juillet 1914 par un nationaliste, la veille du jour où la France et l'Allemagne déclarent la mobilisation générale.
Ethnologue, Germaine Tillon effectue entre 1935 et 1940 deux missions d'étude dans l'Aurès (Algérie). De retour en France, elle participe très tôt à la résistance et est arrêtée en 1942 puis déportée dans le camp de concentration de Ravensbrück qu'elle étudie de l'intérieur. En 1954, sous un ministère de Pierre Mendès France, elle repart en mission dans l'Aurès et défend la scolarisation des populations rurales, en opposition au lobby colonial.
Intellectuelle exigente, féministe discrète, écologiste avant l'heure, Germaine Tillon "entre" au Panthéon en 2015 (en fait son corps reste à Saint Mandé où elle est enterrée en 2008 à l'âge de 101 ans).