Si vous atterrissez en dehors des vacances scolaires chiliennes, vous aurez presque l'ile pour vous seul; le sentiment d'être ici sur un bout du monde perdu au milieu du Pacifique est alors permanent. La magie des lieux doit beaucoup à cette impression...
L'ile a connu bien des vicissitudes; la civilisation Rapa Nui a été totalement détruite, mais le futur n'est pas totalement désespéré.
Aujourd'hui l'habitat permanent est concentré sur le village de Hanga Roa; il n'existe qu'un seul hôtel de luxe (et il est fort discret); le reste de l'hébergement touristique est simple (mais correct), constitué de "cabañas", dans les mains des résidents. A quelques kilomètres de Hanga Roa, les véhicules deviennent rares. Il est clair que l'ile de Pâques n'est pas à même de recevoir une fréquentation touristique à la mesure de sa célébrité (ne serait-ce par exemple que pour gérer les déchets); la situation n'est pas encore trop tendue (quoi que le nombre des touristes chiliens...). Profitez-en avant qu'il ne soit trop tard.
L'ile a été incorporée dans la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1995. En juillet 2018 le temps de séjour des touristes a été limité à 30 jours (rares sont les touristes qui séjournent plus d'une semaine, mais la mesure concerne aussi les touristes chiliens, ce qui n'empêche pas les Rapa Nui de revendiquer une fermeture totale de l'ile à l'arrivée de nouveaux résidents). Par ailleurs, un projet de loi vise à renommer officiellement l'Isla de Pasqua en Rapa Nui: Voyages voyage ne fait donc qu'anticiper en privilégiant le nom "indigène".
Une bonne partie des sites archéologiques (les ahu situés près du rivage) sont menacés par l'élévation du niveau de la mer tandis qu'un important incendie a endommagé les statues du Rano Raraku en octobre 2022.
Tout savoir sur l'ile de Pâques (y compris ce qu'on ne sait pas)↑
Presque tout ce qui concerne l'ile a donné (et donne toujours lieu) à des controverses, à commencer par son nom indigène: la grande Rapa (Rapa Nui) ou le nombril du monde (E pito o te henua), la cause de la disparition de son écosystème forestier, la signification des statues dressées dans le cratère Rano Raraku, la manière dont les statues étaient transportées, etc. Toutes les dates restent discutées comme la date d'arrivée des premiers polynésiens, celle de la disparition des arbres; celle de l'abandon des ahu. Une bonne partie des contresens provient du sentiment de supériorité des explorateurs et colonisateurs européens qui ne pouvaient admettre que les navires polynésiens étaient bien plus rapides que les leurs, ni qu'une aussi petite ile ait pu permettre le développement d'une civilisation aussi évoluée.Histoire↑
Si l'analyse des séquences de l'ADN mitochondrial des polynésiens (E. Hagelberg, 1993; B. Sykes, 1995; E. Matisoo-Smith, 1998) a clos le débat sur l'origine du peuplement de Rapa Nui (non pas à partir des côtes péruviennes comme le prétendait Thor Heyerdahl en se laissant dériver sur le Kon Tiki, mais depuis l'est, c'est à dire les Gambiers), certains pensent encore que l'ile a été atteinte par miracle. Pourtant, si la découverte d'une ile aussi minuscule isolée en plein Pacifique représente un exploit, il est probable que les polynésiens ont quelque peu forcé le hasard. Naviguant à travers l'océan sur leurs canoës doubles, des navires conçus comme nos modernes multicoques de course, se guidant aux étoiles, les polynésiens possédaient dès la fin du premier millénaire une maitrise de la mer supérieure de plusieurs ordres de grandeur à celle des européens. Puissants et rapides, remontant très bien au vent, les grands canoës doubles atteignaient des vitesses considérables et les traversées de plusieurs milliers de kilomètres n'étaient qu'une affaire ordinaire.Le premier mai 1976 Hokule'a ("Étoile de la joie"), réplique d'un canoë polynésien traditionnel à double coque, quitte Hawaii pour relier Tahiti, un trajet de plus de 4 000 km. Grâce à un vieil homme nommé Mau qui détenait encore les connaissances traditionnelles, la tentative est une brillante réussite, sans boussole ni sextant, en se guidant aux étoiles et aux mouvements de la mer.
En 2007 Alice Storey montre (dans une étude encore controversée: Storey, 2007, 2008) l'existence de contacts entre les polynésiens et les chiliens, mais à l'initiative des polynésiens qui introduisent... le Poulet en Amérique du sud (et en rapportent la Patate douce).
On dispose donc de suffisamment d'arguments pour pouvoir affirmer, non seulement que La isla de Pascua est bien polynésienne, mais surtout que sa découverte et son peuplement entrent dans le cadre d'une exploration systématique du Pacifique par des maitres navigateurs.
La date de cette colonisation reste, elle, très discutée. L'opinion la plus générale tourne autour de l'an 800, mais Terry Hunt le situe vers 1200 (Hunt, 2007). Cet écart justifie des interprétations différentes de l'effondrement de la "civilisation des Moais". L'étude des langues donne des dates plus anciennes. Williams S. Ayres dans des datations d'échantillons prélevés en 1968 date la contruction d'un premier monument (ahu) à Tahai vers 650 ±100. (Ayres, 1971); les études des pollens des lacs de cratère semblent indiquer des modifications de la végétation liées à la présence humaine dès -400 (2450 BP) (Núria Cañellas-Boltà et al, 2013)! si ces soupçons étaient confirmés il faudrait revoir toute la datation communément admise pour le peuplement humain du Pacifique.
Le 5 avril 1722 (jour de Pâques) Jakob Roggeveen arrive en vue de l'ile et l'explorateur Carl Friedrich Behrens y débarque 4 jours plus tard. Un malentendu tragique à pour conséquence le meurtre de 12 indigènes (quelques actes que les européens prirent pour des vols suivis d'un tir d'arme à feu sur les habitants); mais les indigènes reviennent avec des offrandes de fruits, de cannes à sucre, de volailles. Dans le journal de l'expédition, l'ile est décrite comme dénudée, mais la population robuste et prospère. Behrens donne quelques éléments très précis: il est surpris par la cuisson des aliments dans le sol (fours polynésiens), le fait que les indigènes portent de grands pendants d'oreille argentés (on n'en retrouvera pas trace, mais les dessins de Hodges lors de l'expédition ultérieure de Cook représentent bien les oreilles très allongées qui sont aussi celle des moai). Behrens n'observe les moai que de loin et les décrit comme constitués d'argile (ce qui pour lui résout le problème du transport: ils sont fabriqués "sur place"). L'expédition conclu que cette ile ne saurait-être la Terra Australis recherchée (Behrens, 1772).
«nous l'avons trouvée [la terre] extrêmement fructueuse, produisant des bananes, des pommes de terre [en réalité des patates douces], de la canne à sucre d'une épaisseur remarquable et de nombreux autres types de fruits de la terre; bien que dépourvu de grands arbres et d'animaux domestiques, à l'exception de la volaille.»
Carl Friedrich Behrens
Les visiteurs suivants (Cook , La Pérouse), dont le but était d'explorer tout le Pacifique vers la fin du 18e siècle, se montrent plus curieux. Ils découvrent une population peu nombreuse, des ahu (les plateformes intégrant les statues) le plus souvent abandonnés et une partie des statues couchées. Ils sont frappés par le contraste entre les traces d'un passé monumental (les statues géantes) et la modestie de la civilisation qu'ils avaient devant leurs yeux.
La Pérouse est accompagné par une équipe étoffée, constituée de scientifiques expérimentés qui récoltent énormément d'informations en une seule journée le 10 avril 1786 (de Mureau, 1792). Malheureusement, une bonne partie de la documentation sombrera avec les bateaux de Lapérouse dans un naufrage au Vanuatu.
La Pérouse sera à l'origine de la théorie de l'auto-destruction: «l'imprudence a fait disparaitre [les arbres], soumettant ainsi le pays a une cruelle sécheresse». L'idée est remarquable pour l'époque (il était peut-être inspiré par les observations de Pierre Poivre à l'ile Maurice), mais doit être questionnée aujourd'hui.
L'équipe de La Pérouse cartographie 300 ha de jardins cultivés aux alentours d'Hanga Roa; les cultures sont protégées du soleil par un couvert d'herbe, des pierres posées au sol ("jardins de pierres") régularisent la température et l'humidité, des murs circulaires de 4 à 5 m de diamètre les préservent du vent. Ces palliatifs sont sans doute apparus comme une adaptation à la disparition des arbres, la tradition polynésienne utilisant un couvert d'arbres clairsemés pour protéger les cultures.
Si les études récentes ont bien confirmé la présence d'épaisses forêts, si on sait que la culture polynésienne (pratique des brûlis) a souvent été la cause de la destruction de ces forêts (aux Gambiers par exemple), il nous est difficile de concevoir que les habitants aient détruit délibérément les arbres dont ils tiraient le bois si précieux pour la construction des navires, le transport des moai, la cuisson (mais ils ont pu franchir des points d'inflexion dans l'équilibre climatique de l'ile qui leur étaient invisibles).
Il faut souligner que l'arbre emblématique disparu, le Palmier niu (Paschalococos disperta) était une espèce endémique et sensible, comme son proche cousin le Palmier du Chili, en voie de disparition. La croissance de ce dernier est lente et il ne se reproduit pas avant d'atteindre 50 ans! La disparition de la forêt fragilisée par l'exploitation humaine est-elle due à une sécheresse exceptionnelle, au Rat polynésien ?
Lors de la même visite de La Pérouse, la flotte de l'ile est réduite à quelques pirogues de 3 à 4 mètres de long constituées d'un assemblage de petites planches (une technique assez fréquente en Polynésie, mais posant des problèmes d'étanchéité de la coque).
En 1997 et 2005, Jared Diamond publie successivement deux ouvrages sur les rapports entre l'Homme et son environnement. On retiendra ici du second ouvrage intitulé Collapse (L'effondrement) un des cinq effondrements décrits puisque concernant l'ile de Pâques. Diamond s'est livré à une compilation considérable d'informations représentant des données récentes et des explications couramment admises de l'effondrement de la "civilisation des moai". Diamond rend l'Homme directement responsable de l'écocide de l'ile décrivant minutieusement la disparition (progressive) des arbres et des espèces animales consommées.
Le tableau dressé par Diamond est apocalyptique. D'une ile portant une civilisation prospère disposant de bateaux de haute-mer lui permettant de se livrer à la chasse (pêche) aux Dauphins et aux Thons, élevant des poulets dans de grands poulaillers de pierre (encore visibles aujourd'hui), pratiquant la crémation et capable de consacrer un temps considérable à l'érection de statues monumentales, on passe à une société parvenant à peine à construire quelques pirogues sans possibilité de s'éloigner de la côte, dont la seule nourriture carnée est constituée de petits coquillages et de rats, cuisant ses aliments avec de l'herbe pour tout combustible, décimée par la famine et les conflits entre clans.
Le texte de Diamond tient autant d'un récit épique que d'une argumentation scientifique. La description des populations rencontrées par les premiers voyageurs européens est misérabiliste ce qui ne s'accorde que partiellement avec celles de Cook et La Pérouse, et pas du tout avec celle de Behrens. Il va jusqu'à comparer la mise à bas des moai avec le déboulonnement des statues staliniennes lors de la dislocation du bloc soviétique. Hors les observations directes et les études archéologiques montrent que l'abandon des moai est progressif et s'étale sur au moins une centaine d'années.
Diamond cite une question d'étudiant: «qu'à pensé l'habitant de l'ile de Pâques qui a coupé le dernier palmier?». Sa réponse est surprenante et fait appel à "l'amnésie du paysage": les changements ont étés trop progressifs pour être perçus: quand le dernier palmier a été coupé, les habitants étaient habitués à un paysage sans arbre et l'exploitation de la forêt avait cessé depuis longtemps d'avoir une importance économique. La réalité est probablement plus complexe: cette question d'étudiant n'a aucun sens.
Reformulé en termes d'aujourd'hui le challenge auquel les habitants étaient confrontés donne: "comment ne pas demander à la nature plus qu'elle ne peut en donner? comment ne pas prélever plus de bois que ce que la forêt peut en fournir chaque année?"
Et l'ile de Pâques est caractérisée par de multiples contraintes: elle est petite (peu "d'amortissement"); elle est très isolée (ni échappatoire, ni ressources extérieures); elle est sèche (peu de pluie); elle est basse (pas de zone d'altitude plus humide et peu accessible jouant le rôle de sanctuaire pour la biodiversité). Ces caractéristiques mettent en place une redoutable boucle de rétroaction positive: plus la forêt disparait, plus l'ile devient sèche et plus l'ile est sèche, plus la forêt disparait. Quand Diamond explique que la végétation de l'ile a survécu à des sécheresses préhistoriques, il oublie que la forêt n'était pas à l'époque fragilisée par l'action humaine (en plus il fait semblant d'ignorer qu'avant 12 000 BP l'ile était trop sèche pour porter de la forêt).
Il est permis d'imaginer que lorsque les habitants ont franchi la limite de la quantité de bois exploitable compatible avec l'équilibre naturel, ils ne s'en sont pas rendus compte et qu'il restait encore beaucoup d'arbres. Quand ils ont pris conscience du problème il eut fallu consommer de moins en moins de bois chaque année. Et les années passant, même en arrêtant tout prélèvement de bois, la forêt réduite n'avait plus les moyens de se régénérer: il était trop tard!
La variabilité climatique (sécheresse exceptionnelle) et les Rats ont sans doute ajouté leur contribution négative au déséquilibre introduit par l'homme. Les (difficiles) opérations de reboisement menées ou envisagées aujourd'hui avec des espèces disparues permettront peut-être de mieux comprendre la dynamique de la végétation sur l'ile.
Mais l'intérêt majeur du livre est ailleurs, dans la question «Pourquoi certaines sociétés prennent-elles des décisions désastreuses?». La recherche d'une explication universelle à une prétendue inégalité des civilisations qui oriente Diamond a été contestée et est très certainement contestable, mais le livre dépasse de beaucoup le cas de l'ile de Pâques; les multiples réponses de Diamond à cette question sont largement à méditer si nous voulons éviter l'effondrement de notre propre civilisation...
A l'ile de Pâques (revenons y), il est tentant de faire coïncider la disparition des forêts avec un important changement culturel.
Avant, le culte des ancêtres, semblable à celui pratiqué dans d'autres iles polynésiennes, est ici poussé au spectaculaire dans l'érection d'impressionnantes statues (les moai) sur des plateformes (les ahu); les moai sont l'équivalent des tiki des Marquises ou de Tahiti.
Après, les Rapa Nui vénèrent Makemake, un dieu représenté avec un corps d'Homme et une tête de Sterne. Une compétition opposait chaque année les chefs de clan vers l'ilot Motu Nui, le vainqueur devenant arbitre des conflits dans toute l'ile pour un an. Le rituel a pu être observé par les européens jusqu'en 1866.
Encore une fois la transition d'un culte à l'autre est progressive; l'étude de Catherine Orliac, situe vers 1640 l'utilisation de l'herbe à la place du bois comme combustible dans les fours polynésiens alors qu'en 1722 Behrens observe les indigènes priant devant les moai. La forêt a disparu bien avant l'abandon des derniers ahu et des gravures de Makemake sont présentes sur certains moai ou intégrées à des ahu comme l'ahu Nau Nau ce qui montre un certain syncrétisme. Pour un des derniers (et plus grands) moai érigés du nom de Paro, Diamond lui-même donne la date de 1620.
Cette civilisation possédait une écriture propre, pictographique (ou idéographique), le rongorongo, restée non déchiffrée à ce jour et dont la date d'origine n'est pas établie.
On estime la population avant l'arrivée des européens à plus de 2 000, voire plus du double (?) à l'apogée de la civilisation des moai. C'est vers 1850 que commence le génocide: plus des trois quarts des habitants sont déportés au Pérou pour participer au travail forcé (d'exploitation du guano) sur les iles Chincha, une page tragique de plus dans l'histoire des "navires négriers". D'autres habitants restés sur l'ile meurent de maladies apportées par les colons.
Quelques années plus tard, un français crée une mission catholique. Un autre plus prosaïque s'associe à un écossais pour élever des moutons. Puis un conflit conduit les pasquans catholiques à l'émigration.
En 1871 Louis-Marie-Julien Viaud dit Pierre Loti est missionné par la marine pour rapporter une statue. De son journal on retiendra surtout les dessins réalisés dans une ile dépeuplée. L'article très romancé qu'il publie dans l'Illustration est probablement à l'origine du mythe de l'ile de Pâques en France et en Europe.
Le Chili annexe l'ile en 1888; à cette date l'ile ne compte plus que 111 Rapa Nui qui sont rapidement confinés dans une zone couvrant moins de 6% de la superficie totale (autour de Hanga Roa) et l'élevage des moutons est poursuivi, détruisant ce qui reste de végétation.
Ce n'est qu'en 1960 que les Rapa Nui sont autorisés à circuler librement sur "leur" ile, qui compte alors un millier d'habitants dont la moitié d'autochtones. La population a fortement augmenté depuis (près de 4 000 habitants au début des années 2000), en partie en raison d'une immigration chilienne.
J. Victor Moreno-Mayar et al.. 2024. Ancient Rapanui genomes reveal resilience and pre-European contact with the Americas. Nature 633: 389–397. DOI: 10.1038/s41586-024-07881-4 (Open access).
L'étude de l'ADN extrait de 15 squelettes conservés au musée de l'Homme à Paris ne montre aucun signe de réduction brutale de la population avant les contacts avec les européens (invalidant le scénario de Jared Diamond). La forêt a bien disparu mais les Rapa Nui ont su s'adapter à la situation. De plus des signes d'échanges avec les populations sud-américaine sont présents entre les années 1250-1430, confirmant une grande maitrise de la navigation trans-pacifique à cette époque.
Alice A. Storey et al.. 2007. Radiocarbon and DNA evidence for a pre-Columbian introduction of Polynesian chickens to Chile. PNAS 104 (25) 10335-10339. DOI: 10.1073/pnas.0703993104.
Alice A. Storey et al.. 2008. Pre-Columbian chickens, dates, isotopes, and mtDNA. PNAS 105. DOI: 10.1073/pnas.0807625105.
Jared Diamond. 2005. Collapse. Vinking Penguin, Londres (2006. Effondrement. Gallimard).
Jared Diamond. 1997. Guns, Germs and Steel. W.W. Norton, New York (2000. De l'inégalité parmi les sociétés. Gallimard).
Matisoo-Smith E. et col. 1998. Patterns of prehistoric human mobility in Polynesia indicated by mtDNA from the Pacific rat. PNAS December 8, 1998 vol. 95 no. 25: 15145-15150.
Sykes B. et col. 1995. The origins of the Polynesians: an interpretation from mitochondrial lineage analysis. Am J Hum Genet. 1995 December; 57(6): 1463 - 1475.
Hagelberg E, Clegg JB. 1993. Genetic polymorphisms in prehistoric Pacific islanders determined by analysis of ancient bone DNA. Proc Biol Sci.
Katherine Routledge. 1919. The mystery of Easter island; the story of an expedition. Hazell, London. Internet archive.
Pierre Loti. 1899. L'ile de Pâques. La Revue de Paris: 225-258. Journal d'un aspirant de la Flore (Wikisource).
Carl Friederich Behrens. 1772. Ship logs of 1722 voyage of Jacob Roggeveen.
L'étude de l'ADN extrait de 15 squelettes conservés au musée de l'Homme à Paris ne montre aucun signe de réduction brutale de la population avant les contacts avec les européens (invalidant le scénario de Jared Diamond). La forêt a bien disparu mais les Rapa Nui ont su s'adapter à la situation. De plus des signes d'échanges avec les populations sud-américaine sont présents entre les années 1250-1430, confirmant une grande maitrise de la navigation trans-pacifique à cette époque.
Alice A. Storey et al.. 2007. Radiocarbon and DNA evidence for a pre-Columbian introduction of Polynesian chickens to Chile. PNAS 104 (25) 10335-10339. DOI: 10.1073/pnas.0703993104.
Alice A. Storey et al.. 2008. Pre-Columbian chickens, dates, isotopes, and mtDNA. PNAS 105. DOI: 10.1073/pnas.0807625105.
Jared Diamond. 2005. Collapse. Vinking Penguin, Londres (2006. Effondrement. Gallimard).
Jared Diamond. 1997. Guns, Germs and Steel. W.W. Norton, New York (2000. De l'inégalité parmi les sociétés. Gallimard).
Matisoo-Smith E. et col. 1998. Patterns of prehistoric human mobility in Polynesia indicated by mtDNA from the Pacific rat. PNAS December 8, 1998 vol. 95 no. 25: 15145-15150.
Sykes B. et col. 1995. The origins of the Polynesians: an interpretation from mitochondrial lineage analysis. Am J Hum Genet. 1995 December; 57(6): 1463 - 1475.
Hagelberg E, Clegg JB. 1993. Genetic polymorphisms in prehistoric Pacific islanders determined by analysis of ancient bone DNA. Proc Biol Sci.
Katherine Routledge. 1919. The mystery of Easter island; the story of an expedition. Hazell, London. Internet archive.
Pierre Loti. 1899. L'ile de Pâques. La Revue de Paris: 225-258. Journal d'un aspirant de la Flore (Wikisource).
Carl Friederich Behrens. 1772. Ship logs of 1722 voyage of Jacob Roggeveen.
La civilisation des moai (détails) ↑
A la théorie de l'auto-destruction formulée par La Pérouse s'en enchainent d'autres qui se révéleront bien plus fausses: idée que les statues des ahu ont été abattues au cours de guerres tribales, idée que la carrière du Rano Raraku a été brutalement abandonnée, laissant sur place une multitude de statues destinées a être transportées ailleurs sur l'ile (William Thomson, 1886), idée que les statues couchées face contre terre le long des chemins "descendant" du Rano Raraku étaient en cours de transport.
Ce qui est sûr c'est que l'ile a été couverte d'une épaisse forêt et a permis le développement d'une civilisation florissante, celle qui a érigé les moai. La disparition des grands arbres a eu pour conséquence l'impossibilité de construire des pirogues doubles (qui naviguent en haute-mer) et d'assurer le transport des statues. Elle a aussi accentué les sécheresses rendant la culture vivrière moins facile et surtout s'auto-alimente (moins il y a de forêt, plus le climat s'assèche et cet assèchement accentue la disparition de la forêt).
Depuis, un certain nombre d'ahu ont été restaurés, bien sûr plus pour leur attrait touristique que pour leur valeur religieuse disparue, et les connaissances scientifiques progressent (lentement). Mais Rapa Nui et surtout la civilisation des moai garde une bonne partie de son mystère.
L'ile de Pâques aujourd'hui (détails)
↑
(ou comment éviter un deuxième effondrement)
Le tourisme s'est développé depuis l'établissement de liaisons aériennes régulières dans les années 60 avec une croissance qui s'accélère aujourd’hui (situation d'avant la Covid19). Le raisonnement est un peu le même qu'ailleurs, mais le résultat est inversement proportionnel à la taille de l'ile: 1- l'économie de l'ile dépend quasi exclusivement du tourisme.
2- le tourisme ne peut croître indéfiniment.
3- donc la croissance de l'économie de l'ile a une limite.
La population locale a eu jusqu'à présent des pouvoirs limités et donc peu de responsabilités dans les erreurs commises ou l'absence de décisions lorsqu'il aurait fallu en prendre (ce qui ne garanti pas qu'elle puisse prendre de meilleures décisions pour l'avenir).
Géologie ↑
Rapa Nui est une ile volcanique de point chaud (un point chaud peu actif), formée par l'assemblage de cônes volcaniques successifs: Poike (-3Ma), Rano Kau (-2,5Ma) et Terevaka qui ne date que de 600 000 ans; il n'existe aucune donnée sur une éventuelle éruption historique, mais l'activité volcanique semble avoir persisté jusqu'à une époque très récente: 10 000 ans (Baker, 1967).
Baker P. E.. 1967. Preliminary account of recent geological investigations on Easter island. Geological Magazine, March; v. 104 no. 2: p.116-122. abstract
Vezzoli L, Acocella V, 2009. Easter Island, SE Pacific: An end-member type of hotspot volcanism. Geol Soc Amer Bull, 121: 869-886. pdf (Research Gate)
Vezzoli L, Acocella V, 2009. Easter Island, SE Pacific: An end-member type of hotspot volcanism. Geol Soc Amer Bull, 121: 869-886. pdf (Research Gate)
Randonnées (détails) ↑
L'ile se prête merveilleusement bien à la randonnée. Vous pouvez randonner pour quelques heures ou pour une journée entière.
Sachez qu'il n'existe pas d'hébergements en dur en dehors de Hanga Roa et que le camping sauvage est interdit dans toute l'ile, sauf à y avoir été invité et accompagné par les locaux (qui le pratiquent activement). Un camping a été récemment aménagé près de la plage d'Anakena ce qui offre des possibilités intéressantes, soit comme étape, soit comme base d'exploration pour la partie est de Rapa Nui.
La description des sites archéologiques est associée à celle des itinéraires de randonnée.
L'ile de Pâques en pratique ↑
Avertissement: j'ai bien l'impression que, malgré l'isolement de l'ile, la grande machine autodestructrice du tourisme est en marche ici comme ailleurs; une bonne partie de mes impressions et des informations fournies correspond à une situation à un temps t (2011) et peut ne plus correspondre à l'état actuel.- Permis
-
Pour obtenir le tampon de l'ile de Pâques sur son passeport, il faut arriver de Tahiti (quoique avec les nouvelles réglementations ?)
Depuis 2018, un formulaire doit être rempli en ligne avant tout débarquement sur l'ile: Sistema de Ingreso a Rapa Nui. Les restrictions liées au Covid-19 ont été levées en août 2022 mais un certificat de vaccination doit être enregistré et un test PCR négatif peut-être exigé. - Climat
- Ni trop chaud, ni trop froid, le climat est agréable toute l'année. De juin à septembre les soirées et matinées sont fraiches et les jours un peu plus courts. Le temps subit l'influence océanique et est assez changeant. Les pluies sont réduites avec un maximum en avril-mai; elles se produisent surtout la nuit.
La température de l'eau reste agréable en toute saison. Les coraux ne sont pas suffisamment développés pour former un récif, mais plusieurs espèces sont présentes et des matériaux d'origine corallienne ont été utilisés pour représenter les yeux des moai. - Saison
- Compte tenu de ce qui précède, je vous conseille de visiter l'ile hors saison, c'est à dire en évitant les vacances scolaires chiliennes, vous serez bien plus tranquille. Et si vous randonnez, vous aurez moins chaud. Mais si vous aimez l'ambiance de fête, alors allez-y pendant la Tapati, dont les dates exactes varient d'une année à l'autre (elle se situe au cœur des vacances scolaires chiliennes, en janvier-février, consultez le site rapanui.net). Les deux expériences seront très différentes (et complémentaires).
- Guides et assistance
L'ile est petite, la rareté des arbres fait qu'il est impossible de se perdre. Si vous n'avez pas eu le temps de lire avant de partir l'abondante littérature publiée sur l'ile, la CONAF a multiplié les panneaux informatifs (et d'interdiction) sur les sites archéologiques. Le guide local est loin d'être indispensable, mais dans certains cas, il vous aidera à repérer des "détails" que vous allez forcément louper.
Un droit d'entrée de 80 USD (valeur 2019) est perçu à l'aéroport ou au bureau de la CONAF ou de la communauté Ma'u Henua (20 000 pesos pour les citoyens chiliens, les enfants payent moitié prix). Le billet est valable 10 jours à compter de l'entrée dans le premier site (vous ne serez contrôlés qu'à Orongo ou Rano Ranaku qui ne peuvent en principe être visités qu'une seule fois).
Tout ce qui bouge (voiture, 4x4, quad, moto, VTT, cheval) peut se louer à Hanga Roa.- Hébergement et nourriture
- Mis à part peut-être pendant la Tapati, vous n'aurez aucun problème à vous héberger, je conseille cependant d'éviter les vacances scolaires chiliennes (en me répétant). La plupart des hébergements disposent d'une cuisine. Le camping (à Hanga Roa ou depuis peu à Anakena est une solution, avaec ou sans votre propre matériel). A Hanga Roa des épiceries proposent les aliments de base, évidemment plus chers que sur le continent: si vous arrivez de Santiago, faites vos courses avant de partir! Si vous arrivez de l'extérieur (de Tahiti), ce sera sans doute moins intéressant et surtout plus problématique. En général la douane bloque essentiellement l'entrée des fruits frais au Chili (donc à l'ile de Pâques si vous arrivez de Tahiti); la nourriture "emballée" à plus de chances de passer. Hors saison, les restaurants sont vides mais restent chers. A Hang Roa (et même parfois sur Anakena), des snacks proposent des empanadas.
Il existe un camping à proximité immédiate de la plage d'Anakena (Ana Tekena, +56996906941). Outre le fait que vous pourrez profiter de la plage, l'endroit est idéalement situé pour randonner sur la côte nord et même vers le Rano Raraku. - Banques
- Au printemps 2011, je n'ai vu que deux distributeurs de billets sur l'ile. Celui de la Banco Estado, en plus de n'accepter que la Mastercard limite le montant distribué (à environ 100 000 pesos m'a-t-il semblé); celui de la banque Santander impose (comme de très souvent au Chili) une commission de 2 500 pesos à la transaction (qui s'ajoute à la commission que votre banque prélève déjà): relisez vos contrats et choisissez la bonne carte! Regardez cependant aussi du coté de la station service Puna Vai (près de l'aéroport): elle change les dollars, les euros et les TC, prend moins de commissions que les banques et pourrait disposer d'un ATM. Plus d'ATM ont du être installés depuis ma visite. Les dollars américains sont largement acceptés dans les commerces. Le Chili est un pays cher et l'ile de Pâques encore plus, on ne peut pas tout avoir. Les prix augmentent encore pendant la Tapati quand les hébergements saturent.
- Y aller
- Latam Airlines (issue de la fusion de Lan Chile et de Tam, compagnie brésilienne) détient l'exclusivité des vols sur l'ile de Pâques Easter Island (IPC pour le code officiel de l'aéroport) et les prix sont très élevés; il existe une liaison hebdomadaire entre Tahiti (Papeete) et Santiago avec escale à l'ile de Pâques; réservez longtemps à l'avance! Pour toutes ces raisons, une bonne partie des voyageurs non chiliens qui débarquent ici le font avec un billet tour du monde. Les vols (et les touristes!) sont plus fréquents pendant les vacances scolaires chiliennes. Entre l'Ile de Pâques et Santiago, les vols sont presque quotidiens même en basse saison. Enfin n'écoutez pas tous ceux qui disent qu'on a vite épuisé les ressources de ce confetti situé au milieu du Pacifique; je suis resté une semaine et j'avais l'estomac noué en partant. Restez le plus longtemps possible (surtout si vous pratiquez des activités comme la randonnée pédestre); encore une fois cette ile est magique.
Bibliographie
Parque national Rapa Nui. Le site officiel du parc national.
Parc national de Rapa Nui. whc.unesco.org/fr/list/715
Les données connues lors du classement en 1995 du Parc national de Rapa Nui (40% de la surface de l'ile) par l'UNESCO; en partie dépassées aujourd'hui.
Carte touristique (CONAF, disponible sur le site de l'UNESCO.
Facts About Rapa Nui (Easter Island) www.eisp.org/120/
Steven Roger Fischer. 2005. Island at the End of the World, The turbulent History of Easter Island. Reaktion Books, London.
Une documentation incontournable qui aide à poser les bonnes questions sur la passé, le présent et le futur de l'ile de Pâques. Pour être complet, ajoutons un détail de l'histoire resté secret lors de la parution de ce livre: le Chili a failli vendre l'ile à l'Allemagne en 1937 afin de s'acheter quelques navires de guerre (El País, 01-08-2018).
Micheline Pelletier. 2012. Ile de Pâques, Terra incognita. Editions de La Martinière.
Un livre moderne, dans le sens où il rend justice aux Pascuans: Fini le mépris (mais comment ont-t-ils pu ériger de telles statues? mais comment ont-ils pu découvrir une si petite ile perdue au milieu du Pacifique? Fini l'occultation des méfaits des prétendus civilisés débarqués sur l'ile, en fait des colonialistes de la pire espèce. Les photographies de l'auteur sont belles, souvent originales (beaucoup de vues aériennes), mais en plus informatives; elles soutiennent le texte, qui découpé en "flashs" successifs, appuyés sur des citations et des interviews, dresse progressivement l'histoire passée et présente de l'ile.
Elizabeth Matisoo-Smith and Allan Wilson. 2009. The human colonisation of the Pacific. pdf.
Christina Thompson. 2013. Sea People - The Puzzle of Polynesia.
Que sont les moai?. Google Arts & Culture.
De jolies images.
Explorez les moai de plus près ?. Google Arts & Culture.
Les différents ahu en photographies.
Parc national de Rapa Nui. whc.unesco.org/fr/list/715
Les données connues lors du classement en 1995 du Parc national de Rapa Nui (40% de la surface de l'ile) par l'UNESCO; en partie dépassées aujourd'hui.
Carte touristique (CONAF, disponible sur le site de l'UNESCO.
Facts About Rapa Nui (Easter Island) www.eisp.org/120/
Steven Roger Fischer. 2005. Island at the End of the World, The turbulent History of Easter Island. Reaktion Books, London.
Une documentation incontournable qui aide à poser les bonnes questions sur la passé, le présent et le futur de l'ile de Pâques. Pour être complet, ajoutons un détail de l'histoire resté secret lors de la parution de ce livre: le Chili a failli vendre l'ile à l'Allemagne en 1937 afin de s'acheter quelques navires de guerre (El País, 01-08-2018).
Micheline Pelletier. 2012. Ile de Pâques, Terra incognita. Editions de La Martinière.
Un livre moderne, dans le sens où il rend justice aux Pascuans: Fini le mépris (mais comment ont-t-ils pu ériger de telles statues? mais comment ont-ils pu découvrir une si petite ile perdue au milieu du Pacifique? Fini l'occultation des méfaits des prétendus civilisés débarqués sur l'ile, en fait des colonialistes de la pire espèce. Les photographies de l'auteur sont belles, souvent originales (beaucoup de vues aériennes), mais en plus informatives; elles soutiennent le texte, qui découpé en "flashs" successifs, appuyés sur des citations et des interviews, dresse progressivement l'histoire passée et présente de l'ile.
Elizabeth Matisoo-Smith and Allan Wilson. 2009. The human colonisation of the Pacific. pdf.
Christina Thompson. 2013. Sea People - The Puzzle of Polynesia.
Que sont les moai?. Google Arts & Culture.
De jolies images.
Explorez les moai de plus près ?. Google Arts & Culture.
Les différents ahu en photographies.