Dossiers photographiques
- Quelques instantanés pris en 1998 et 2006 à Muktinath, Marpha et dans les environs de Jomosom;
- Retour en haute Marsyangdi (2015, à venir).
Avertissement ↑
Le tour de l'Annapurna a longtemps eu la réputation d'être un des plus beaux treks du monde, mais il faut bien prendre conscience que c'est aujourd'hui du passé...Aujourd'hui, les sommets n'ont évidemment pas disparu, mais les aperçevoir aux détours d'une piste poussièreuse ne fait pas le même effet que les admirer depuis un chemin serpentant tranquillement à travers une forêt. La pullulation de lodges inesthétiques, aux couleurs toutes plus fluo les unes que les autres, défigure depuis longtemps les villages, alors que les maisons anciennes (souvent superbes) sont abandonnées et s'effondrent. Pendant le même temps la piste à progressivemment grinoté les vallées. Le trafic des 4x4 reste suffisamment épisodique pour ne pas être directement gênant (sans compter qu'il est souvent possible d'emprunter des variantes en passant sur la rive opposée de la vallée), mais la piste accentue tous les travers d'un "mauvais" développement (un peu plus de toits en tôle, de murs de béton non terminés, de couleurs fluo, etc. ). Le tour survit encore grâce à sa réputation passée (10 fois plus de trekkeurs au début des années 2010 que sur le Tour du Manaslu), et conserve quand même quelques beaux restes.
Si vous n'appréciez pas outre mesure de marcher sur une piste et si vous recherchez l'atmosphère traditionnelle des villages de montagne, plutôt qu'un circuit "Disneyland", il vous faudra faire preuve de beaucoup de subtilité (consultez le paragraphe En pratique, les Liens amicaux en bas de page et dépêchez-vous). Pour vivre en continu une ambiance "authentique", allez ailleurs.
Un tour des Annapurnas en 1982 ♥ (détails) ↑
Une sorte de pureté disparue, un monde quasi vierge de tout contact avec la société de consommation occidentale: tout terrain cultivable est cultivé, pas un bout de tôle ondulée, aucune de construction qui ne respecte le style local (lodges compris). Une expérience dans tous les sens du terme: physique, humaine, culturelle et l'un de mes plus beaux voyages. En suivant le lien , vous découvrirez l'itinéraire original ouvert en 1976.En pratique ↑
Depuis 2015, dans la vallée de la Marsyangdi, la route monte jusqu'à Khangsar, au dessus de Manang; de l'autre côté du Thorong La, on la retrouve dès Muktinath.Autant dire que le "Tour des Annapurnas" s'est réduit au passage du Thorong La: il peut théoriquement se faire en 2 étapes si vous supportez la montée rapide en altitude qu'occasionne l'utilisation des véhicules, une idée absurde. A l'inverse, la montée complète à pied depuis Besi Sahar me laisse rêveur: parcourir pendant une semaine une piste poussièreuse et inintéressante, sous prétexte que ce trek était merveilleux il y a 30 ans, souvent avec un lourd sac à dos (car ceux qui le font utilisent rarement les services d'un porteur) est pour moi incompréhensible. L'itinéraire original quitte cependant la Kali Gandaki (et la piste!) à Tatopani. Cette zone de collines proche de Pokara offre de multiples variantes.
Manang express ↑
De Besi Sahar, là où se termine la route asphaltée, partent des 4x4 collectifs dans lesquels on s'entasse jusqu'à 12 personnes et qui peuvent vous mener directement à Manang. La piste peut être caillouteuse ou boueuse (selon la saison) et présente des portions exposées voire dangereuses.La montée en une seule journée a toutes les chances d'être extrêmement éprouvante. Même si vous supportez la variation d'altitude, même si vous utilisez un véhicule privé pour disposer d'espace, il restera la portion située entre Chamje et Dharapani, très exposée aux chutes de pierre, voir aux glissements de terrain que je déconseille absolument d'effectuer par la piste.
Ceux qui redescendent du Tour du Manaslu, ou qui veulent explorer les beaux restes que présente la haute Marsyangdi trouveront quelques conseils ci-dessous:
Quelques beaux restes ↑
- De Chamje à Dharapani (l'inverse à la descente)
- Un bon sentier existe en rive gauche de la gorge; il vous permettra d'en apprécier la beauté austère au rythme de la marche et surtout d'éviter les risques présentés par la piste à cet endroit. A noter que Tal est un village moderne essentiellement constitué de lodges.
- De Dharapani à Bimthang
- Une digression de quelques jours (qui exige cependant guide et permis spécial) consiste à parcourir à l'envers la fin du tour du Manaslu. Vous ne verrez guère de beaux villages (Bimthang ne comptait que quelques bergeries avant la construction de lodges et Tilije est déjà bien affecté par ce type de "développement"), mais les paysages au dessus de Gho sont parmi les plus variés et plus fantastiques qu'offre l'Himalaya népalais ♥. Avec une tente, il est même possible de faire une boucle en montant de Karte ou Nache au Dona Tal, puis en redescendant sur Gho par le Tripple Pass (4500m).
- De Dharapani à Koto
- Si vous enchainez le tour du Manaslu et le circuit Naar / Phu, vous aurez sans doute à parcourir cette portion de la vallée de la Marsyangdi. En 2015, mon guide, pour des raisons obscures, n'a pas voulu prendre l'un des deux sentiers en rive gauche, qui permettaient, en passant par Tache, d'éviter la piste. Le sentier en rive droite qui monte à Odar permet sans doute aussi, au prix de quelques efforts supplémentaires d'en éviter une plus petite partie. En tout état de cause, si vous êtes sur la piste sous Timang, il faut absolument prendre l'ancien chemin qui coupe opportunément les lacets de la piste, mais permet aussi de découvrir une magnifique forêt de rhodendendrons (en fleurs en avril): le chemin se prend à gauche juste après un gué / pont piétonnier et est à poursuivre jusqu'au village de Timang (ne pas reprendre la piste lors du premier croisement). Mais si vous faites cette étape en véhicule, vous ne perdrez pas grand chose...
- Naar / Phu, digression d'une semaine depuis Koto (détails)
- Ce circuit, ouvert seulement en 2003, contourne par le nord le Pisang Peak et revient sur le circuit des Annapurnas à Ngawal par le Kang La. Les villages de Phu et de Naar ont conservé beaucoup de caractère (dépêchez-vous), les sentiers sont spectaculaires, et vous passez en une journée des forêts d'Epicea à des paysages plus désertiques et plus minéraux qui rappellent le Mustang. Un permis spécial est obligatoire.
- De Dhikur Pokari à Braga, ou l'inverse à la descente (détails à venir)
- Un sentier en rive gauche (alors que la route est de nouveau en rive droite), traverse de beaux villages tibétains aux toits plats (du moins des villages qui gardent de beaux restes) comme Upper Pisang , Ghyaru, Ngawal et surtout Braga, des forêts de petits conifères, des décors de moraines érodées; il devient sentier balcon au dessus de Ghyaru avec des vues formidables sur la chaine des Annapurnas. Le village le mieux conservé de la vallée, Braga, est resté bien plus authentique que Manang (qui n'est à 30min de marche) et offre plusieurs lodges dont un très confortable (constaté en 2015, New Yak Hotel). Entre Ngawal et Braga prenez la variante passant par Julu (ou Chulu), sous les sommets du même nom. A Pisang, l'ancien monastère est fermé mais le nouveau, tout en haut du village, est accueillant et la salle d'assemblée présente de très belles fresques (les dons des trekkeurs, très nombreux à passer ici doivent aider).
Braga (ou Braka) est géré par un comité de village dynamique préoccupé par la conservation de la culture locale (un bâtiment imposant, qui a nécessité de très voyants murs de soutènement était en construction en 2015 en plein centre du village, mais on espère qu'il s'agit d'un bâtiment monastique). Les autres habitations imbriquent leurs terrasses et semblent en bon état. Une taxe (100 Rp en 2015) a été instituée pour la visite du monastère (elle reste raisonnable et correspond à l'offrande que vous auriez fait en tant que trekkeur civilisé); elle permet la présence d'un gardien aux heures d'ouverture; on ne visite malheureusement que la grand salle d'assemblée du bas, qui contient une quantité incroyable de statues anciennes (le monastère est réputé avoir plus de 500 ans).
Au contraire, Pisang (renommé Upper Pisang) et Ghyaru sont en partie défigurés par la construction de lodges s'efforçant d'être plus voyants les uns que les autres, tandis que beaucoup de maisons anciennes sont abandonnées et s'effondrent (le séisme du 25 avril 2015 a peut-être aggravé les choses, mais les dégats sont ici bien antérieurs). Si vous regardez attentivement vous observerez cependant de magnifiques fenêtres. De plus le nouveau monastère, tout en haut du village, mérite une visite: les moines sont accueillants et les fresques murales sont belles, dans un style qui fait penser à Kopan. Il n'y a pas que les lodges qui défigurent les villages: un nouveau chorten construit dans un style qui n'a rien à voir avec les traditions locales (peut-être un généreux donateur taïwanais?) trône juste sous le village de Ghyaru et a nécessité des terrassements impressionnants que vous ne pouvez manquer si vous montez de la vallée.
Manang: de très nombreux lodges ont été construits depuis longtemps sur les terrasses agricoles, sous le village d'origine. Le monastère situé au centre du vieux village semble abandonné et l'ensemble (vieux village et lodges) présente un aspect quelque peu défraichi. Ceux qui ne peuvent se passer de patisseries et autres maisons de thé ou même de magasins de sports y trouveront cependant leur bonheur, sans pour autant que les lieux puissent rivaliser avec Lukla ou Namche Bazaar; les autres gagneront à s'héberger à Braga (qui possède d'ailleurs aussi une patisserie).
Une superbe diversion latérale d'une journée en A/R consiste à monter de Braga au "lac gelé" (Ice Lake ou Kicho Tal) ♥. Un excellent sentier (raide mais régulier et sans escaliers) permet d'atteindre le lac situé à 4600m d'altitude sous le Chulu East; si vous êtes fatigué, vous pouvez stopper vers 4200m: le panaroma est presque aussi fabuleux et s'étend du Manaslu au Thorong La en passant par toute la chaine des Annapurnas; unique! Contrairement à son nom, le lac dégèle de mai à septembre. D'autres diversions sont possibles, toujours de Braga, mais versant nord (je ne les ai pas parcourues en 2015 en raison du fort enneigement).
- Le lac de Tilicho (Tilicho Tal)
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Cette digression populaire n'exige réglementairement ni guide, ni permis. Il existe plusieurs lodges au niveau du camp de base de Tilicho Peak, mais on peut conseiller de faire ce circuit sous tente afin de musarder au voisinage du lac ♥. Le Tilicho Tal étant gelé une grande partie de l'année, la meilleure saison pour apprécier la situation époustouflante du plus haut des grands lacs népalais s'étend de juin à septembre.
De Manang, on peut partir du monastère central ou des moulins à prière à la sortie amont du vieux village. La piste montant à Khangsar traverse la Thorong Khola par un petit pont, mais un sentier accessible par un beau pont suspendu en amont permet d'en éviter une partie (renseignez-vous sur l'état exact de ce sentier car il peut être dangereux). Le monastère de Thare (Thare gompa) à une heure de marche au dessus de Khangsar et sur la route du Tilicho mérite absolument une visite; c'est un monastère ancien, très visité par les pélerins, et il possède des fresques intéressantes représentant les différents Bouddhas. Un bâtiment moderne est en construction. Khangsar est bien équipé en lodges malheureusement très voyants dès que l'on approche du village.
Franchir le col de Tilicho (plus exactement le Mesokantu La) est un itinéraire de haute montagne qui demande préparation et équipement sérieux.
Si vous franchissez le Thorong La après avoir visité Tilicho Tal, sachez qu'un sentier permet de rejoindre directement Ghyangtang (et Yak Kharka), sans avoir à passer par Manang.
Références ↑
Sur les accès au lac et au col de Tilicho consultez cette page (en anglais) de Per Löwdin Trekking to Tilicho
Bibliographie ↑
Maurice Herzog. 1951. Annapurna premier 8000. Arthaud. Le col et le lac de Tilicho tiennent une bonne place au début de ce livre (lire le chapitre A la recherche de l'Annapurna). NB: la référence à ce récit historique ne doit pas être considérée comme un tribut à la personnalité très controversée de Maurice Herzog; si vous voulez en savoir plus (et mieux apprécier la vérité de l'histoire), lisez le livre de David Roberts (référence ci-dessous) ou le "roman" écrit par sa fille (Félicité Herzog. 1982. Un héros. Grasset).
David Roberts. 2000. Annapurna, une affaire de cordée. Editions Guérin, Chamonix (2000. True summit. Simon & Schuster). Contient un fac similé du journal d'expédition de Louis Lachenal, le premier alpiniste ayant atteint un 8000m, avec Maurice Herzog.
Andrées de Ruiter, Prem Rai. 2013. Trekking in the Annapurna area along the new NATT-trails which avoid the road: Amazon Media (format kindle) ou ici en pdf.
David Roberts. 2000. Annapurna, une affaire de cordée. Editions Guérin, Chamonix (2000. True summit. Simon & Schuster). Contient un fac similé du journal d'expédition de Louis Lachenal, le premier alpiniste ayant atteint un 8000m, avec Maurice Herzog.
Liens amicaux ↑
Le Tour des Annapurnas. La partie française d'un site allemand écrit avec beaucoup de sensibilité. N'hésitez pas à consulter aussi les pages allemandes de ce site qui contiennent des informations plus récentes. L'auteur du site a publié un livre (en anglais) décrivant tous les chemins qui permettent de faire le tour des Annapurnas en évitant la route, et suggère d'autres variantes:Andrées de Ruiter, Prem Rai. 2013. Trekking in the Annapurna area along the new NATT-trails which avoid the road: Amazon Media (format kindle) ou ici en pdf.