20030812_c03

Dossiers photographiques

Culminant vers 2 900 m d'altitude, c'est un des volcans les plus craints d'Indonésie par son activité, mais surtout par sa proximité d'avec la ville de Yogyakarta qui n'est qu'à 60 km du sommet.
junghuhn-1856_merapi
Lithographie de Franz Wilhelm Junghuhn, 1853
Domaine public, crédit Tropenmuseum, Amsterdam
En malais (et en Bahasa indonesia), merah signifie rouge et api, montagne de feu ou volcan (une interprétation alternative fait appel à mer, préfixe d'accentuation, ce qui revient au même): le volcan rouge ou la grande montagne de feu, de quoi s'attendre au pire.

La dernière éruption d'ampleur date d'octobre 2010; L'éruption débute par des explosions et des coulées pyroclastiques d'une intensité inhabituelle (la plus élevée depuis une centaine d'années) et dans toutes les directions, entrainant la fuite de plus de 100 000 personnes. De nombeux panaches de cendre sont expulsés, le plus important le 4 novembre, atteignant 18 km d'altitude. Des bombes volcaniques retombent à 4 km du cratère (Jousset, 2010). Un nouveau dôme de lave se met ensuite en place et augmente de volume jusqu'en juin 2011.

Cette éruption a dramatiquement changé la topographie du sommet qui a perdu 38 m d'altitude et oriente les risques (chute de blocs incandescents, lahars) au sud. La précédente éruption ne datait que de 2006.

Un dôme de lave s'est mis en place en 2018; d'autres dômes se sont formés depuis déversant des blocs de lave vers le SW. Le Merapi est monté en niveau 3 d'activité en novembre 2020.

20030812_c03
Le volcan Merapi (derrière le Merbabu à l'avant plan), vu depuis un vol Jakarta - Denpassar, le 12 août 2003; le panache de dégazage est biien visible au sommet; la colonne blanche sur le flanc du Merbabu est un feu de forêt; © Michel Racine
Le Merapi fait partie de l'arc de la Sonde. L'activité éruptive a été retracée depuis au moins 400 000 ans. Dans sa jeunesse les laves avaient une composition basaltique et étaient beaucoup plus fluides. La composition des laves est devenue plus acide depuis 6 000 ans. Depuis 600 ans le Merapi produit des dômes andésitiques détruits régulièrement lors des paroxysmes explosifs. C'est le volcan le plus surveillé d'Indonésie; l'observatoire volcanologique principal est à Yogyakarta, mais plusieurs postes avancés sont situés sur les flancs; à l'époque de ma première ascension, des employés du VSI étaient présents en permanence à Selo et Plawangan (Kaliurang).

Une traversée du Merapi en 1980

19800817_d13123
Traversée du Mérapi: descente sur Kaliurang; © Michel Racine
Les recherches documentaires nous conduisent à programmer la montée par le nord depuis Selo (donnée en 4h), puis une longue descente par le sud (la montée depuis Kaliurang est annoncée en 10h, mais à la descente nous espérons aller plus vite). Kaliurang offre plusieurs possibilités d'hébergement et nous avons l'intention d'y passer la nuit pour observer d'éventuelles chutes de blocs incandescents depuis l'observatoire volcanologique.
19800817_d13115
Camping sous le sommet du Merapi
© Michel Racine

Nous quittons Selo en début d'après midi après avoir décliné l'offre d'un guide. Un porteur n'aurait sans doute pas été de trop car nous emportons une tente, mais aussi près de 10L d'eau... Le terrain devient rapidement très rocheux.

Finalement nous nous arrêtons sur une des dernières zones horizontales, une à deux heures sous le sommet bien visible. L'alternative était de camper au sommet, mais au moins ici, nous n'aurons pas à monter toute l'eau.

Un grand soleil nous réveille au matin, il y a juste un petit dôme nuageux sur le sommet, et il se dissipe vite; derrière nous le Merbabu émerge d'une mer de nuages; nous sommes bien au dessus. La dernière partie est raide et rocheuse, à travers un amoncellement de blocs instables.
19800817_d13117
Le dôme de lave en août 1980
© Michel Racine

La vue sur le dôme de lave actif est spectaculaire. Il faut bientôt penser à descendre, commencer à gagner sur notre gauche une zone plate et encaissée où nous rencontrons un groupe d'étudiants indonésiens.
19800817_d13125
Descente sur Kaliurang (vue orientée vers le sommet), 1980.
© Michel Racine

Puis on s'engage dans un long talweg bordé à droite et à gauche d'éboulis instables et truffés de solfatares. Le ciel est d'un grand bleu, mais nous sommes au centre de nuages de vapeur d'eau produits par le dégazage (sans compter quelques composés soufrés). De rares cairns nous indiquent que oui, c'est bien l'itinéraire. Après plusieurs heures, nous aperçevons la forêt. Nous allons encore parcourir une longue trace jusqu'à Kaliurang et vu la raideur des pentes, nous nous félicitons de ne pas avoir choisi de monter par le sud!

C'était une superbe traversée; je suis retourné au Merapi en 2003 sans jamais voir de paysages aussi spectaculaires.

En pratique 

L'ascension du volcan se fait généralement par le nord depuis Selo (new Selo). L'itinéraire n'est pas difficle à trouver et le guide inutile si vous redescendez par le chemin de montée.
20151002_c66
Le Merapi depuis l'observatoire volcanologique de Plawangan (Kaliurang) © Michel Racine

La route sud, depuis Kaliurang où se trouve un des observatoires volcanologiques du Merapi, déjà considérée comme dangereuse avant l'éruption de 2010, est désormais condamnée pour longtemps.

De tous côtés la végétation porte les traces de l'éruption de 2010.

Références

Bibliographie

() Merapi (Global Volcanism Program).
() Merapi (Gunung Bagging). Itinéraire.

() F. Beauducel. 1993. Merapi Volcano, Java.
C'est un peu ancien, mais pas inintéressant.