Les rues et ruelles de ce quartier constituent un incontournable; c'est un peu là qu'est né et vit le street art grenoblois. La densité maximum des œuvres est atteinte rue Génissieu, où se trouve le local de l'association / galerie d'art Spacejunk, organisatrice de la Street Art Fest. Les autres rues à ne pas manquer sont, parallèles à la précédente, la rue du Phalanstère, la rue des Bergers, la rue Humbert II. Certaines fresques ont été remplacées par d'autres, mais quoi qu'il en soit il y a énormément à dire sur ces fresques, pourquoi elles sont là, à quoi elles font référence et comment les interpréter.
Par commodité, j'inclus dans la description les fresques de la rue du Turennes et des rues voisines situées à l'ouest de l'estacade.
Il existe peu de fresques dans la partie est du cours Berriat (à l'est de l'Estacade); celle d'Ekis et Boye est face à l'entrée de la rue du Phalanstère.
Je ne connais pas l'auteur du rideau du tabac presse 37 avenue Alsace-Lorraine, mais c'est une publicité plutôt sympatique, sans compter la pépite ancienne présente tout à droite et vantant la Loterie nationale.
Comme sa voisine la rue Génissieu, la rue du Phalanstère est (a été) une des rues phares du street art grenoblois. Les installations de cette rue se situent plutôt du côté d'un street art engagé, peut être une raison de leur disparition plus rapide que d'autres.
Goin est un artiste emblématique de la Street Art Fest et quelques pochoirs sont présents dans cette rue réalisés pour la plupart comme accompagnement de l'exposition Anarchically yours par la galerie Spacejunk
En 2015 et 2016, C215 a transporté ses pochoirs à Grenoble. Comme souvent, ses portraits sont de petite taille et placés dans des endroits discrets; les découvrir est un véritable jeu de piste. La plupart s'inscrivent néanmoins sur les murs de la rue Génissieu.
Le pochoir d'Amy Winehouse est réalisé d'après une photographie disponible sur l'Internet, mais je ne suis pas sûr de son auteur (cliquez sur l'image pour voir cette photographie).
Malala Yousafzai, pakistanaise, s'est fait connaitre du monde en dénonçant, alors agée de 11 ans (une forte influence paternelle) les talibans qui obscurcissent l'éducation; 4 ans plus tard, elle échappe miraculeusement à la mort après un attentat où elle reçoit une balle en pleine tête; elle devient alors une icône de la cause des femmes; deux ans plus tard, à l'âge de 17 ans, elle reçoit le prix nobel de la paix.
"Les Bergers d'Arcadie", par Nicolas Poussin (1638); huile sur toile, musée du Louvre; crédit: Wikipedia.
Cette huile sur toile de Nicolas Poussin représente trois bergers et une femme considérant l'inscription en latin lisible sur un tombeau: "Et in Arcadia ego". C'est un thème classique qui apparait dans Virgile: l'Arcadie représente un pays idyllique et la tombe, la mort (nulle part, on ne peut échapper à la mort).
Dans le détournement de Kouka, l'inscription devient "Hic et nunc" (Ici et maintenant).
Au 10 de la rue des Bergers, Srek, Greg & Will ont peint une magnifique Marianne appelant à l'insurrection, article 35 de la déclaration des droits de l'Homme de 1793 à l'appui. Il est malheureusement très difficile de la photographier dans son entier lorsque la grille du jardin est fermée.
"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs (When the government violates the rights of the people, insurrection is for the people and for each portion of the people the most sacred of rights and the most indispensable of duties)".
Déclaration des droits de l'Homme de 1793, article 35 (Declaration of the Rights of Man and Citizen from the Constitution of Year 1 - 1793). L'écriture de ce texte suit d'un an la Commune de Paris.
Dans la ruelle discrète nommée chemin Jésus se trouvait un pochoir représentant Jean-François Champollion, aujourd'hui recouvert par une fresque plus imposante.
Jean-François Champollion est un des citoyens célèbres de la ville. Né à Figeac d'une famille de colporteurs isérois, il vient étudier à Grenoble à l'âge de 11 ans où il se passionne pour l'étude des langues anciennes tout en supportant mal la discipline militaire du lycée impérial (aujourd'hui lycée Stendhal, car contrairement à ce que l'on pourrait penser spontanément, Jean-François Champollion est un ancien élève du lycée Stendhal et non du lycée Champollion, construit bien plus tard...); à 17 ans il "monte" à Paris pour étudier les langues orientales, puis revient deux ans plus tard à Grenoble comme professeur.
Il est universellement connu pour avoir percé le mystère des hiéroglyphes égyptiens.
«Porté par un végétal qui s'extrait du chaos, l'immense personnage blanc est composé à la fois des symboles des arts et de la nature (streetartfest.org)».
Et le livreur de pizzas à vélo présent à droite nous rappelle les inégalités d'une société qui court à sa perte.