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Dossiers photographiques

Voir aussi les pages portraits dans la rubrique Népal > Thèmes.
Cette page concerne la partie supérieure de la vallée, la seule habitée; pour l'accès par les gorges de la Tarap voir le trek du bas-Dolpo.

En 1994, le Dolpo n'a pratiquement pas changé depuis la nuit des temps. C'est le monde que décrit Corneille Jest (Corneille Jest, 1974): une civilisation splendide qui pousse les limites de l'humain dans un milieu extrême. Pour moi, une expérience inoubliable.
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Tissage par un après-midi d'été, Dho, 1994
© Michel Racine
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Mère (dessin présent sur la bâtiment des amchis)
© inconnu

Ce monde est aujourd'hui disparu mais les Dolpo Pa sauront vous accueillir avec chaleur, sans doute même plus facilement qu'à l'époque. La Tarap change très vite, bien plus vite que d'autres vallées du Népal. Un relais de téléphonie cellulaire a été construit (début des années 2000) près du monastère de Ribo (trop près pour le respect des lieux, mais les habitants n'ont rien pu faire) et la vallée est aujourd'hui intégrée au monde par l'Internet . Si l'absence de source d'électricité autre que les panneaux solaires limite encore l'usage des appareils électriques ou électroniques, la "civilisation" est en marche.

Le Yarsa Gunbu occasionne chaque printemps un déferlement de cueilleurs qui détruisent les alpages. La perception d'une taxe et la participation directe de certains habitants à la recherche a apporté des sommes d'argent considérables dans la vallée. Cette prospérité est visible mais s'accompagne du développement de vices préoccupants comme l'alcoolisme. Nul ne peut prédire le futur du Yarsa Gumbu dans la Tarap: l'exploitation est incontrôlée et l'importance des prélèvements semble incompatible avec le maintien durable de cette ressource, comme semble le montrer la baisse récente des volumes collectés (c'est peut-être la meilleure chose qui pourrait arriver aux Dolpo Pa ?). Le développement de la culture de ce champignon parasite d'une chenille pourrait peut-être aussi assainir la situation.

La perturbation de l'économie locale n'est pas tant cette manne financière en elle même, mais son association à une offre de produits chinois de mauvaise qualité, voire inutiles. Tant que la situation politique sera ce qu'elle est au Tibet (c'est à dire le mépris des droits des populations locales, destruction de la culture et de l'environnement échangés contre des profits à court terme) aucune évolution positive ne peut être sérieusement envisagée: l'avenir du Dolpo semble définitivement lié à celui du Tibet.

Au printemps 2014 un conflit concernant la perception de taxes auprès des cueilleurs de Yarsa Gumbu a débouché sur une répression brutale de la population de la vallée de la Tarap par la police népalaise, faisant un mort et cinquante blessés; certains n'ont eu la vie sauve qu'en s'enfuyant dans les pâturages d'altitude: dès qu'on commence à être un peu "riche" (tout est très relatif), les ennuis commencent. Cette affaire est développée sur le blog d'un Dolpo Pa, Phurwa Dhondup, un des tous premiers élèves de Crystal Mountain School.

L'autre grand changement qui pointe à l'horizon est l'arrivée de la route. En 2019 la piste n'était pas encore arrivée à Dunai, mais des fragments de piste sont en construction un peu partout.

Pour l'heure, et avant peut-être d'assister à la disparition totale d'une culture unique et digne du plus profond respect, l'agriculture, les échanges (transport par les caravanes de Yacks) et la récolte du Yarsa Gumbu constituent actuellement l'essentiel des revenus. Le tissage occupe toujours les belles après-midis quoique plus discret aujourd'hui qu'hier. Le bouddhisme tantrique continue de rythmer le quotidien, même si les grands lamas résident de plus en plus loin de la vallée.

Crystal Mountain School (détails)
Ecole de statut mixte, la première école du Dolpo a avoir été aidée par une ONG occidentale, en 1994.
Hameaux et monastères
Les habitations de la Tarap se regroupent en une multitude de hameaux situés de part et d'autre de la Tarap Chu et de son affluent descendant du Panga La.

Les principaux hameaux sont Ship Shok (qui compte un monastère bön, cf ci-dessous).

Certains des chortens de Dho sont représentatifs de la religion Bön et Ribo gompa montre une influence mixte.

Kagar est un petit hameau d'une grande importance historique.

Mekhyim  est un petit temple situé en rive gauche de la Tarap au dessus de Kagar, dans un site isolé et splendide. Les fresques rappellent celles visibles à Chhedul gompa.

A Tokkyu se trouve le monastère de Champa. Les grandes fêtes de la vallée se tiennent alternativement à Ribo gompa (Dho) et à Champa gompa.
Le monastère bön de Ship Shok (détails)
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Entrée de la salle de prières
© Michel Racine

La page consacrée à ce monastère représente sans doute le témoignage d'un monde disparu car le bâtiment a été quasi totalement détruit par un incendie en mars 2016.

Références

Corneille Jest. 1981. L'habitat à Dolpo in L'homme et la maison en Himalaya. CNRS, pp. 222-240.
Phurwa Dhondup. 2014. Brutal Police Crackdown on Public in Dolpo.
Dolpo info Site de Namgyal Rinpoche. (lien mort)

Bibliographie

Corneille Jest. 1974. Tarap, une vallée dans l'Himalaya. Seuil. 
Une vulgarisation de la publication qui suit, si vous n'arrivez pas à vous la procurer. L'iconographie est magnifique.
Corneille Jest. 1975. Dolpo : Communautés de langue tibétaine au Népal. Ed. du CNRS. 
La civilisation du Dolpo; celle d'avant les touristes et le Yarsagumbu. Une mine d'information, mais quasiment introuvable aujourd'hui sous sa forme papier.
L'ouvrage est cependant disponible sous forme numérique: réédition numérique FeniXX

Filmographie

Hervé Tiberghien. 2012. Tarap d'un monde à l'autre.
Hervé Tiberghien. 2013. Les jours de Tarap. Version longue du documentaire précédent (contactez l'auteur pour vous le procurer).