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Dossiers photographiques


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Le panache de dégazage est presque toujours présent
© Michel Racine
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Ternate et le Gamalama, vers 1740 (domaine public); cliquez pour suivre le lien vers l'image en haute résolution (sur Wikimedia)

L'activité éruptive est connue depuis l'installation des portugais au 16e siècle; il ne se passe guère plus de quelques années, et souvent moins, entre deux éruptions.

Le cône présente plusieurs cratères plus ou moins emboités, l'activité tendant à se déplacer vers le nord. Le cône terminal et son cratère se sont formés lors de l'éruption de 1980 au cours de laquelle 40 000 personnes sont évacuées vers l'ile de Tidore. En 2014 des excursionnistes, probablement indonésiens, se sont blessés en courant pour échapper à une éruption soudaine (les blessures les plus graves étant des fractures provoquées par la chute des visiteurs dans leur panique: il ne faut jamais courrir dans ce cas, mais s'éloigner le plus calmement possible en surveillant la trajectoire des projections éventuelles, un peu facile à dire quand on n'a pas vécu cette situation).

De juillet à septembre 2015 de petites éruptions phréatiques produisent des panaches de gaz et de cendre montant jusqu'à plus de 1 km au dessus du cratère et obligent à évacuer plus de 400 familles. Une fissure est apparue sur la face sud du cône terminal et reste la source principale du dégazage actuel (mars 2016).

Le Gamalama fait partie de l'arc de Halmahera.

Mésaventures guidées

Ce qui suit décrit mes déconvenues successives au Gamalama avec un guide indonésien de Sulawesi (John Massolo) mais ne doit pas vous conduire à renoncer à l'ascension de ce volcan. Le guide travaillait (à l'essai semblait-il) pour une agence francophone indonésienne connue, elle-même sous-traitante d'une grande agence française de trekking.

Il était prévu dans ce circuit organisé d'observer l'éclipse de soleil du 9 mars au sommet du volcan, une mauvaise idée quand on connait la propension des volcans indonésiens à disparaitre dans les nuages dès le milieu de matinée ! conscient du problème le guide à proposé d'observer l'éclipse depuis la côte, mais dans ce cas plus de sommet... Le guide nous propose alors d'effectuer l'ascension l'après-midi, juste après l'éclipse; le volontarisme des troupes aidant, tout le monde acquiesse; pourtant comment le volcan qui risquait de se couvrir vers 10 h lors de l'éclipse pouvait-il se dégager dans l'après-midi ? L'absurdité de la proposition ne nous apparaitra vraiment qu'après l'échec de l'ascension. Le 9 mars vers midi, nous attaquons donc la montagne à un train d'enfer et sous une chaleur accablante. Et ce qui devait arriver arriva: 3h plus tard, tout baigne dans la brume et il faut redescendre.

Mais les aléas du voyage vont nous ramener au Gamalama. Trois jours plus tard, le guide ayant pris peur devant l'activité que révélaient les enregistrements sismographiques de l'observatoire de l'Ibu (lequel volcan était en fait classé en niveau 2 comme le Gamalama, allez comprendre...), il renonce à nous y guider; le groupe propose alors de refaire l'ascension du Gamalama.

Cette fois nous allons partir à l'heure recommandée, vers 1h du matin. La température est beaucoup plus supportable et l'ascension est rapide; tellement rapide que nous arrivons trop tôt sous la crête de l'ancien cratère. S'en suit une (longue) attente dans un vent froid qui rabat parfois les gaz soufrés rejettés par le volcan; hors nous avons peu de vêtements chauds et les masques à gaz ont étés laissés à l'hôtel (preuve s'il en était besoin du manque de sérieux et de motivation de notre guide). Nous reprenons l'ascension lorsque le jour s'annonce; au sortir de la végétation, la crête de l'ancien cratère est dans la brume; collés au sol pour nous abriter du vent, nous profitons d'éclaicies temporaires qui nous permettent d'apercevoir la côte d'Halmahera et les iles proches de Tidore, Mare, Moti, Makian. Mais le guide à froid (sic!) et nous ordonne de redescendre, se trompant même d'itinéraire dans la brume qui recouvre la crête et donnant à postériori raison aux trois participants, qui, dégoutés par les conditions de la première ascension n'ont pas jugé utile de retenter l'aventure.

L'idée d'effectuer la dernière montée pour atteindre le cratère terminal n'est même pas évoquée. 15 min plus tard, le soleil illuminait un fabuleux paysage et réchauffait l'atmosphère, mais nous étions déjà bien trop bas pour remonter.

En pratique

L'ascension démarre des faubourgs de Ternate. Les deux routes possibles se rejoignent à une aire de bivouac connue sous le nom de "terminal", vers 1350 m d'altitude (assez mal nommée car au terminal, vous êtes très loins d'en avoir terminé !). L'un des chemins part de Moya (370 m); c'est le meilleur; le chemin est très raide mais rarement glissant et traverse au départ des plantations de girofliers, muscadiers, etc. L'autre chemin part de Marikurubu (à 400 m d'altitude). Comptez 3 h. Au dessus du "terminal", il faut monter jusqu'à un point où la montagne devient sacrée (vers 1580 m), en traversant plusieurs ravins (1 h). Ce caractère résulte sans doute d'anciennes croyances animistes, mais est pris très au sérieux par les guides locaux, respectez-le. Le chemin descend alors un peu à travers une végétation de canes, puis remonte pour émerger sur la lèvre de l'ancien cratère, offrant une vue étendue sur Pulau Tidore et Halmahera.



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Cône terminal du Gamalama, la fissure apparue en 2015 sous le sommet est bien visible
© Michel Racine
En fonction du niveau de l'activité il est possible ou non de poursuivre l'ascension jusqu'au "nouveau" cratère, datant de 1980 (1715 m, 45 min), sur des pentes de rochers instables; il faut contourner l'évent formé sur la face sud en 2015; le sol peut être chaud et un panache de dégazage riche en composés sulfurés est présent en quasi permanence (masque à gaz conseillé). Avec un peu de chance et tôt le matin, les vues seront fantastiques.

Il est possible de recruter un guide à Moya, mais arrangez la chose la veille si vous partez tôt; l'idéal étant d'arriver au sortir de la végétation vers le lever du jour (partez 5h avant); n'en attendez pas les services d'un véritable guide, mais il pourra porter un sac et vous éviter les erreurs d'itinéraire; à vous de gérer l'ascension elle-même et les dangers objectifs présentés par ce volcan.

La descente se fait par le même chemin et nécessite 3 à 4 h; attention au niveau du "terminal" à prendre le chemin de gauche si vous voulez revenir par Moya.

Bibliographie

() Gamalama (Global Volcanism Program).