En pratique
L'éclipse constituait un événement dans cette petite ile comptant 200 000 habitants, provoquant sans surprise un engorgement des transports aériens et des hôtels et contribuant à l'agréable ambiance festive sensible en ville. Dans notre groupe de 12 clients d'une agence de voyage française, les discussions ont été fermes pour choisir l'endroit idéal, celui prévu initialement nous paraissant trop risqué.
Nous aboutissons sur la côte, là où une coulée de lave issue du Gamalama se jette dans la mer, un site légèrement aménagé, mais très beau, offrant une vue sur la mer et sur le volcan. La présence des locaux est intéressante pour l'ambiance mais leur nombre reste raisonnable : nous pouvons installer nos trépieds et nous ne serons pas génés dans les prises de vue (ce qui aurait été le cas en pleine ville). A côté de moi, deux clients d'une autre agence de tourisme française qui avait elle prévu d'observer l'éclipse depuis un bateau (on fait mieux en terme de stabilité: mais à quoi pensent nos concepteurs de voyage ?), et qui ont quitté leur groupe.
Des lunettes spéciales sont nécessaires pour observer l'éclipse avant et après la totalité; évidemment les locaux n'en ont pas et notre guide en distribue quelques unes. De même il n'est pas question de pointer votre téléobjectif directement sur le soleil; un filtre très puissant (de l'ordre du ND1080) est nécessaire; l'option la plus économique est de le fabriquer avec une feuille d'astrosolar. Aucun filtre n'est nécessaire pendant la phase de totalité. Un voile d'altocumulus nous a beaucoup inquiété, mais il s'est révélé peu gênant, limitant seulement la luminosité et surtout, pendant la totalité, la netteté de la couronne solaire. Avant et après la totalité ce voile nuageux donne plus d'intérêt aux photographies, mais le contraste est difficile à gérer.
Les photographies présentées sont fortement recadrées: je n'avais qu'un objectif de 300mm (la focale idéale est au moins le double en 24x36). En absence d'une focale suffisante, se méfier des surexpositions: le soleil n'occupant qu'une faible portion de l'image, le posemètre donne souvent des indications fausses. Les ISO déréglés par inadvertance, sont également trop poussés, une erreur dont je ne me suis pas aperçu dans l'excitation provoquée par l'éclipse, d'où le bruit visible dans la photo qui suit. Cette photographie des grains de Baily est difficile à réaliser car le phénomène dure moins d'une seconde et c'est précisément le moment ou vous devrez enlever ou placer le filtre.