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Dossiers photographiques


Un tsechu (Tse Chu) est une fête religieuse centrée sur des danses masquées: cham (cham dances); la tradition fait remonter la pratique du cham à Padmasambhava, qui l'utilise pour subjuguer les démons et les esprits locaux s'opposant au bouddhisme. La trame de ces danses est commune à tous les pays relevant du bouddhisme vajrayana (tantrique) et on les retrouve au Bhoutan. Les dates dépendent du calendrier lunaire, mais ces fêtes sont plus nombreuses à la fin de l'hiver (au moment du nouvel an tibétain). Elles incorporent souvent d'anciennes pratiques chamaniques très prisées des populations locales.

Le Guru Tsechu de Stok se tient les 7e et 8e jours du premier mois du calendrier (tibétain), c'est à dire en février ou mars. Le petit monastère gelukpa (dépendant de Spituk) voit une activité inhabituelle. Le premier jour est entièrement consacré à des danses masquées (cham). Le deuxième jour, des prières et cérémonies assurées par les moines exorcisent l'esprit du mal représenté par une petite statue de terre et de bois et un grand feu est allumé. Mais le point fort de la journée est l'apparition des oracles. Ce sont deux laïcs spécialement entrainés (en particulier par la pratique de la méditation) et préparés par les moines à accueillir les esprits des déités. Il se livrent à une poursuite dans les salles du monastère et sur les toits, courrent au bord du vide et s'infligent des blessures à l'aide d'épées. La tradition des oracles repose sur la croyance en des "dieux de village" (Pascale Dollfus, 2006).

Le théatre des danses masquées est la minuscule cour du monastère qui donne au spectacle un caractère intimiste, ce qui n'empêche pas une foule considérable de se tasser sur les toits et les balcons pour assister à l'événement. Les costumes et les masques portés par les danseurs sont magnifiques.

Les images qui suivent montrent la succession des danses (toute information complémentaire sur leur nom ou leur signification est la bienvenue):

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danse des divinités terribles (Tungam)? les danseurs munis d'un poignard exécutent un démon en libérant la conscience de l'esprit;

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danse des seigneurs des charniers (Durdag): les danseurs en vêtement blanc et portant un masque à tête de mort chassent les esprits démoniaques; dans un premier temps les deux danseurs exécutent des gestes en miroir (danse de la symétrie); dans un deuxième temps, ils agitent et frappent sur le sol une marionette représentant les esprits maléfiques;

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danse des chapeaux noirs (Shana);

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danse du Cerf (Shawa); le cerf est un des protecteurs mâle les plus connus.

Matho Nagrang (Nag Rang) a lieu une semaine plus tard, avec un contenu très proche. La cour est beaucoup plus grande et l'ambiance plus solennelle. Comme à Stok, le premier jour est entièrement consacré à des danses masquées, avec un déroulement quasi identique.
Il n'y a pas de prière par les moines le second jour (du moins pas dans la cour du monastère), mais les danses de la veille sont répétées. L'apparition des oracles, très attendue est pour la fin de la journée. Il s'agit cette fois de moines qui se sont livrés à une méditation de deux mois, dans l'isolement absolu.

Les deux oracles (Rongzam) entrent en transe dans le gongkang; Torse nu, couverts d'un enduit noir, des faces de divinités terrifiantes sont dessinées sur leur dos et leur torse. Ils s'infligent des blessures avec des épées, courent en tous sens dans le monastère et et se livrent à des acrobaties. Selon la légende, ils sont possédés par les deux dieux locaux (yul lha), voient uniquement grâce aux yeux dessinés (leur propres yeux sont masqués par une chevelure épaisse) et prédisent l'avenir.

emscat.revues.org/docannexe/image/1036/img-6
Les oracles de Matho (Crédit Pascale Dollfus, Nag rang Festival, 1997).

Références

() Fêtes monastiques au Laddak: www.reachladakh.com/festival_dates.htm.

 Pascale Dollfus, The Seven Rongtsan Brothers in Ladakh, Etudes mongoles et sibériennes, centrasiatiques et tibétaines, 36-37 | 2006, mis en ligne le 25 février 2009, consulté le 17 décembre 2016; DOI : 10.4000/emscat.1036
Des "dieux de village" (yul lha), "descendent" chaque année dans des hommes - laïcs ou moines -, par la bouche et le corps desquels ils s'adressent aux villageois, prédisent l'avenir du pays et, notamment, les récoltes à venir.

 Ellen Pearlman. 2002. Tibetan Sacred Dance: A Journey Into the Religious and Folk Traditions. Inner Traditions / Bear & Co. Aoerçu sur Google Books.

Matho Nagrang; sur Core of Culture.