20170510_c84

Dossiers photographiques

Le musée du Louvre est un des plus grands musées d'art au monde et l'un des plus visités (1). Il possède plus d'un demi-million d'œuvres dont seulement 6% sont exposées.

Vous devrez impérativement choisir quelques centres d'intérêt pour organiser votre visite. Essayez de ne pas vous limiter à la contemplation des icônes culturelles dont quelques unes sont présentées sur la suite de cette page.

Le musée a été créé à la suite de la révolution française 1793 sous l'appellation de Muséum central des arts de la République et s'est appuyé au départ sur les collections royales. Il s'est considérablement enrichi par la suite grâce à des achats, mais aussi par des saisies consécutives à des victoires militaires (en partie restituées à leurs propriétaires depuis). La France ayant participé à de nombreuses fouilles organisées autour de la Méditerranée, les découvertes ont été partagées avec les pays d'origine. Après la seconde guerre mondiale, les collections d'art asiatique et de peintures impressionnistes sont transférées au musée Guimet et au musée d'Orsay. La surface du musée a doublé dans les années 1980, avec le projet Grand Louvre (création du Hall Richerlieu, etc.).

Lorsque François Miterrand est élu président de la République, une partie du Louvre est utilisée par le ministère des Finances et la cour utilisée comme parking. Avec l'aide de Jack Lang, ministre de la culture, un projet de rénovation est confié à Ieoh Ming Pei dont François Mitterrand apprécie le travail d'agrandissement de la National Gallery de Washington. La réponse de l'architecte est caractérisée par une pyramide de verre constituant l'entrée principale et donant accès aux différentes ailes à travers des salles souterraines. Elle a donné lieu à une querelle des anciens et modernes et le projet n'aurait pu aboutir sans le soutien total du président (Brice Perrier, 2019). En 2016 le street artiste JR recouvre la pyramide de photographies qui par effet d'anamorphose la font "disparaitre" devant les bâtiments situés en arrière plan. JR récidive en 2019 pour coller, cette fois sur le sol, une extension souterraine en trompe-l'œil de la pyramide. L'effet n'était visible que du ciel et l'installation ne résistera qu'une journée.
les_tres_riches_heures_du_duc_de_berry_octobre
Les Très Riches Heures du duc de Berry, 1410-1486; Le Calendrier: octobre; domaine public; crédit: RMN. Cliquez pour agrandir.

Le projet Grand Louvre a été accompagné de fouilles qui ont permis de redécouvrir la base du donjon et d'une partie des murailles présentes sous la cour carrée, reste de la première construction du 12e décidée par le roi Philippe Auguste. Ce château fort, un peu enjolivé dans les miniatures le représentant, à contribué à la création de l'image iconique du château médiéval. Il est progressivement détruit à partir du 16e siècle par François 1er qui construit à la place un palais renaissance, toujours visible aujourd'hui.

Le palais des Tuileries, dont la construction a débuté au 16e siècle et qui fut relié ensuite au Louvre était la partie occupée par les rois depuis ce 16e siècle. Louis 14 est responsable de nombreuses transformations (Louvre et Tuileries), puis abandonne le palais pour s'installer au château de Versailles. Après la révolution, les Tuileries seront le siège de la Convention, hébergent les rois sous les restaurations et les empereurs (Napoléon 1er et Napoléon 3). Incendiées par la Commune de Paris en 1871, les Tuileries resteront en ruine une dizaine d'années puis seront démolies nourrissant un débat entre partisans du maintien d'une perspective ouverte vers la Concorde et les Champs Elysées et ceux d'une reconstruction.

(1) Le musée de l'Ermitage est plus étendu et possède davantage d'œuvres mais les collections du Louvre sont plus ciblées dans le temps et dans l'espace (par exemple les peintures impressionnistes ont été transférées au musée d'Orsay).

↑ Brice Perrier. 2019. 1981-1989 : l'histoire secrète de la pyramide du Louvre. Le Parisien.
20151226_c13
Hall Richelieu, Musée du Louvre, Paris. Escalier, par Ieoh Ming Pei; 1988. © Michel Racine

Hippopotames ↑ 

Sous le Moyen Empire (autour de l'an -2000) de nombreuses statuettes en faiences sont produites et ajoutées dans les tombes égyptiennes, certaines représentant des Hippopotames. La coloration d'un bleu intense est obtenue grâce à des pigments minéraux. Ces objets sont loin d'être uniques et le Louvre en possède plusieurs. L'Hippopotame était considéré comme un animal dangereux qu'il fallait contrôler dans le périple vers l'au-delà.

e5886
Hippopotame, e5886, antiquités égyptiennes Crédit Wikimedia
e7709
Hippopotame, e7709, antiquités égyptiennes Crédit Wikimedia

Le Louvre possède la plus grande collection d'atiquités égyptiennes du monde après le British Museum et bien sûr le musée égyptien du Caire. Le musée le doit beaucoup à Jean François Champollion, le décrypteur de l'écriture hiéroglyphique, dont les mérites scientifiques ont fini par être reconnus malgré les bascules politiques entre république, empire et restauration royale.

La Victoire de Samothrace ↑ 

20190206_c076
La Victoire de Samothrace, escalier Daru, Musée du Louvre, Paris. © Michel Racine
Le monument est composé d'une statue représentant une femme ailée, et d'une base en forme de proue de navire. La statue est en marbre blanc de Paros et le socle en marbre gris de Lartos, dans l'ile de Rhodes. Elle date de l'an -180 à -200.

Les premiers fragments sont découverts en 1863 par le diplomate et archéologue Charles Champoiseau qui identifie la déesse Niké (la Victoire) mais ne comprend ni la forme ni la fonction des blocs de marbre gris.
samothrace-erich_lessing
La Victoire de Samothrace, © musée du Louvre
samothrace-v_foret
La Victoire de Samothrace, Wikimedia, d'après Valérie Foret.

La statue est envoyée au Louvre. En 1875 des archéologues autrichiens comprennent que les blocs de marbre gris restés sur place forment la proue d'un navire et servaient de base à la statue. S'inspirant d'une représentation de Niké sur des pièces de monnaie, O.Benndorf et K. von Zumbusch proposent une reconstitution de la statue tenant de la main droite une trompette.

En 1979, Champoiseau retourne à Samothrace et récupère les blocs constituant le socle; la statue est reconstituée en partie (ajout de l'aile droite) sans la tête et les bras et est présentée en haut de l'escalier Daru.

En 1950, la main droite découverte lors de nouvelles fouilles à Samothrace. Sa forme, paume ouverte et deux doigts tendus, permet de penser qu'elle ne tenait rien.

Des traces de pigments indiquent que la statue était colorée (au moins en partie) et placée face à la mer.
Après une nouvelle restauration, la présentation de la statue est modifiée en 2014, mais elle domine toujours l'escalier Daru. Le drapé des vêtements est remarquable et l'effet le plus saisissant est obtenu de trois quart gauche.

Valérie Foret. 2008. La Victoire de Samothrace. Musée du Louvre.

La Vénus de Milo ↑ 

d35620
La Vénus de Milo, musée du Louvre
© Michel Racine

20190206_c082
La Vénus de Milo, musée du Louvre, 2019, © Michel Racine

Marbre de Paros d'environ 2m de hauteur représentant la déesse Aphrodite (Vénus pour les Romains), datant environ de l'an -150 à -130.

Découverte en 1820 par un paysan sur l'ile de Milo, elle est achétée dans des conditions confuses pour le compte de l'ambassadeur de France à Constantinople et arrivera à Paris quelques mois plus tard. Montée en plusieurs parties, les bras étaient séparés du buste lors de la découverte. Un bras tenant une pomme aurait été présent sur place.

C'est une des premières statues qu'il a été décidé de présenter incomplète en 1821 (sans les bras).
arles-wikimedia_444x238
La Vénus d'Arles, crédit Wikimedia (Marie-Lan Nguyen), © CC by SA.
milo-v_foret_444x206
La Vénus de Milo, d'après Valérie Foret.

De multiples restitutions de la statue ont été proposées. L'une des mieux admises actuellement serait la déesse se regardant dans un bouclier poli faisant office de miroir.

Au Louvre une copie romaine d'Aphrodite grecque, découverte à Arles est présentée en entrée de la pièce de la Vénus de Milo. Ne possédant pas plus de bras que la Vénus de Milo, la Vénus d'Arles a été fortement restaurée par Girardon en 1684 pour être mise en place à Versailles à la demande de Louis 14. L'interprétation de Girardon, est fortement contestée depuis, en particulier la position des bras.

Marianne Hamiaux. 2017. Le type statuaire de la Venus de Milo. Revue archéologique 2017/1 (#63): 65-84. Cairn.info.

Le Radeau de la Méduse ↑ 

20190206_c048
Le Radeau de la Méduse, seconde esquisse, huile sur toile de Théodore Géricault, 1818;
© CC by NC SA (Attribution: Michel Racine)


Marie-Madeleine ↑ 

20190206_c060.jpg
Marie-Madeleine, par Gregor Erhart, 16e siècle, musée du Louvre
© Michel Racine

La statue en Tilleul, soutenue par des anges sculptés, était suspendue à la voûte d'une église, peut-être l'église Sainte-Marie-Madeleine du couvent des dominicains d'Augsbourg.

Dépourvue de ses anges sculptés, l'image sensuelle et quasi profane telle qu'on la perçoit aujourd'hui, montre l'évolution des idées sur la représentation des corps. La pose alanguie et l'expression recueillie traduisent l'extase mystique de la pénitente; sa beauté s'accorde au contenu spirituel de l'image médiévale.

The linden statue, supported by carved angels, was suspended from the roof of a church, perhaps the Sainte-Marie-Madeleine church of the Dominican convent in Augsburg.

Devoid of its sculpted angels, the sensual and almost profane image as we perceive it today, shows the evolution of ideas on the representation of bodies. The languid pose and the collected expression translate the mystical ecstasy of the penitent; its beauty matches the spiritual content of the medieval image.

La Joconde ↑ 

20190206_c093-2
La Joconde, huile sur bois de peuplier, de Léonard de Vinci, musée du Louvre; © Michel Racine

Pour reprendre Marcel Pagnol (cité par Alys Cheshire), «la contemplation prolongée de La Joconde ne nous donne pas le talent de Vinci». C'est l'œuvre la plus photographiée du musée et il n'est guère possible de s'attarder pour la contempler; nombre de visiteurs du Louvre ne viennent que pour voir La Joconde considérée comme le portait le plus célèbre de l'histoire de la peinture.

Tableau mythique d'un artiste mythique, c'était l'un des trois préférés de Léonard de Vinci et il ne s'en séparait jamais.
la_joconde_copie_restauree_du_prado
La Joconde, atelier de Léonard de Vinci, copie restaurée du musée du Prado (détail) Crédit Wikimedia

La Joconde a traversé les Alpes à dos de mulet avec Léonard en 1516. On ne sait pas très bien quand le tableau devient la propriété de François 1er, mais c'est sans toute peu après la mort de Léonard en 1519. La Joconde est placée successivement au château de Fontainebleau, à Versailles sous Louis 14; après la révolution, elle est présentée au public au Louvre en 1798, fera un court séjour au Tuileries sous Napoléon, puis revient au Louvre. Volée en 1911, des journaux offrent des sommes considérables pour sa restitution. Le tableau acquiert alors une célébrité mondiale.

Le tableau est retrouvé en Italie en 1914 lors de la tentative de sa vente. Pendant les deux guerres mondiales il est caché dans une succession de lieux tenus secrets.
Dans les années 1960, La Joconde est exposée aux Etats-Unis, au Japon, à Moscou. Son déplacement aux Etats Unis à bord du paquebot France accompagné du ministre de la culture de l'époque André Malraux est resté dans l'histoire (elle débarque à New York en décembre 1962 saluée par la statue de la Liberté et les bateaux pompes). La Joconde est considérée aujourd'hui comme trop précieuse et trop fragile pour être déplacée. Une salle entière du Louvre lui est dédiée et elle est protégée par une vitre blindée.
20190206_c094-2.jpg
La Joconde La Joconde, vers 1503 ou 1513, par Léonard de Vinci, Huile sur bois de peuplier, musée du Louvre, Paris. © Michel Racine.

Hervé Tanquerelle (dessin), Hervé Bourhis, Franck Bourgeron (scénario). 2022. Le Ministre et la Joconde. Casterman.

La Liberté guidant le peuple 

20190206_c097
La liberté guidant le peuple par Eugène Delacroix, 1830; © Michel Racine.

Ce tableau d'Eugène Delacroix, daté de la fin de l'année 1830 et inspirée par les trois journées de soulèvement populaire contre le roi Charles X en juillet de la même année (le nom initial donné par Delacroix à la toile est 28 juillet) est un des plus détournés par les peintres et les muralistes. Cette image de révolte et de résistance est devenue iconique, non seulement en France, amis dans le monde entier.

L'oeuvre conserve certains canons de la tradition grecque: la poitrine offerte, le bras levé, le drapé de la robe. Le sujet central encore à demi déesse antique, mais déjà femme du peuple. En France tout particulièrement l'idée de liberté et de démocratie (la République en tant qu'institution) est représentée par une femme.

La composition triangulaire donne un dynamisme puissant qu'accentue la représentation des insurgés marchant vers le spectateur. Bourgeois en haut de forme, ouvriers en casquettes et même un élève de l'école Polytechnique en bicorne: tout le peuple est représenté. Le radeau de la Méduse de Théodore Géricault, dont la composition est elle aussi triangulaire, a très certainement joué un rôle dans la conception du tableau de Delacroix.

Bibliographie