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Dossiers photographiques

Dominant la ville, le plateau du Parmelan est une des randonnées favorites des Annéciens. La vue sur le Mont Blanc, un paysage de lapiaz quasi unique (un des seuls équivalents est le désert de Platé) qui vous plonge dans un autre monde, la diversité des accès et les multiples combinaisons de circuits possibles justifient ce choix. Mes coups de cœur concernent certains des itinéraires les moins fréquentés. L'endroit est fréquenté depuis plus de 100 ans, comme en témoigne le topo guide ci-dessous et les aménagements tels le chalet Dunant et les rambardes de fer du Grand Montoir; l'accès était facilité depuis Annecy par le tramway Annecy - Thônes (les anciens étaient courageux, car la dénivelée atteignait 1300 m, le parcours depuis la gare de Dingy bien plus long qu'aujourd'hui et les femmes montaient en robe longue).
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Dans le Grand Montoir en 1891; auteur inconnu; domaine public.
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Le tramway Annecy-Thônes près de la gare de Dingy vers 1900; photographe: Pittier; domaine public

Itinéraire

Dénivelée: 750 m.
Montée : 2 h à 2h30; descente: 2 h.
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Topo-Guide de 1920; domaine public; crédit: Médiathèques d'Annecy. Cliquez pour agrandir.

Prendre la route forestière asphaltée au dessus de Villaz jusqu'au parking (du bois Brûlé) à 1 170 m (les week-ends d'été l'affluence est énorme). Après une centaine de mètres, vous avez le choix entre le sentier des vaches et le sentier du Chalet Chappuis (je vous conseille ce dernier); buvette au Chalet Chappuis à 1 260 m d'altitude). Ensuite vous avez le choix entre le Grand Montoir, itinéraire le plus court, un peu vertigineux, mais très bien sécurisé par d'anciennes rambardes de fer et des chaines plus récentes ou le Petit Montoir, plus aisé, mais plus long.

Comme j'aime bien les boucles, je vous conseille de monter par le Grand Montoir et de descendre par le Petit Montoir. Aucun de ces itinéraires n'est accessible en hiver: il faut attendre que la neige ait fondu dans les couloirs (l'itinéraire du Petit Montoir n'est pas plus sûr que celui du Grand Montoir car s'il ne s'élève pas dans des couloirs de neige, il en traverse; le seul accès hivernal possible est par le chalet de l'Anglettaz décrit plus loin). Le plateau conserve la neige plus longtemps que le Petit ou le Grand Montoir: dans ce cas il convient de bien rester sur l'itinéraire principal du Chalet Dunant en faisant très attention à tous les "trous" plus ou moins masqués par des ponts de neige. La portion de l'itinéraire située entre le haut du Grand Montoir et le refuge du Parmelan, commune à presque tous les itinéraires peut être très fréquentée. Si vous ne tenez pas spécialement à passer au refuge, vous pouvez prendre le raccourci en tournant à droite quelques dizaines de mètres avant le refuge.

Un cairn et une croix marquent la tête du Parmelan; le refuge du Parmelan (alias chalet Dunant) est légèrement en dessous (hébergement et repas en saison). Allez jusqu'à la table d'oriention (elle permet d'identifier les sommets situés à l'ouest) d'où l'on a la meilleure vue vers le nord. Le panorama couvre 360 degrés avec vers le sud une vue sur la chaine du Mont Blanc et une petite partie des Alpes suisses.

Plutôt que de redescendre par le même intinéraire (voir plus loin), je vous conseille le retour par la grotte de l'Enfer . Ce n'est pas tant une invitation à la spéléologie (je vous propose de vous limiter à l'entrée des grottes) qu'une invitation à découvrir le lapiaz que cette variante propose. Au prix d'une bonne heure ajoutée à la randonnée (mais vous serez tenté par les pauses), et de quelques centaines de mètres supplémentaires de dénivelé cumulé, cette variante est en fait le seul itinéraire qui permet de prendre la pleine mesure de la montagne du Parmelan et de son atmosphère très particulière. Attention: attendre que la neige ait fondu sur le plateau: les trous sont nombreux et peuvent être dangereux s'il sont masqués par des ponts de neige plus ou moins fragiles.

Prendre le sentier quittant le refuge vers le sud-est. Après une centaine de mètres prendre la branche de gauche. L'itinéraire est tortueux mais le balisage jaune est continu et il faudrait vraiment faire un effort pour se perdre. Caractéristique du paysage de lapiaz, le calcaire urgonien érodé de rigoles et percé de nombreux puits (gouffres), le plus souvent bouchés apparait partout; seuls quelques Pins à crochets parviennent à vivre dans cet univers minéral. Ce sentier est bien moins parcouru que l'accès au sommet par le Grand ou le Petit Montoir et vous éprouverez rapidement le sentiment d'avoir le plateau pour vous seul, avec pour unique compagnon le sentiment de liberté que procurent les grands espaces.

A mi-parcours, des randonneurs facétieux ont transformé un petit vallon en une forêt de cairns: pour un peu on se croirait transporté au Tibet; plus loin le paysage devient plus vert annonçant la grotte de l'Enfer. La grotte mérite un détour de quelques minutes en prenant la bifurcation de droite. Mais pénétrer dans cette grotte au-delà d'une dizaine de mètres demande un équipement de spéléologie d'où le rappel du danger par le panneau d'entrée; une deuxième grotte, sans nom et un peu plus accessible que la grotte de l'Enfer est visible en dessous. Poursuivre le sentier plus loin a surtout un sens si on a démarré du chalet de l'Anglettaz: un quart d'heure plus tard on croise la fontaine du Tour, puis un itinéraire plus arboré passe non loin de la Grande Glacière (décrite dans une variante ci-dessous) et atteint le Chalet de l'Anglettaz. Si vous avez démarré du départ classique, je vous conseille plutôt de revenir sur vos pas jusqu'à la bifurcation et de prendre la direction (panneau) du Crêt des Outalays, puis descendre le Petit Montoir. En bas de ce dernier, le sentier traverse plein sud plus ou moins à l'horizontale pour rejoindre le pied du Grand Montoir où on reprend en sens inverse le sentier de montée. Auparavant, quasiment face à une bifurcation vers le bas indiquée chalet des Chappeys, vous apercevrez peut-être une trace dans une gorge montant sur la gauche, ou vous sentirez tout d'un coup une fraicheur inhabituelle. La trace vous mène à la glacière d'Avernioz (GPS: 45.9514, 6.2414) nommée aussi Glacière du Haut d'Aviernoz, grotte dans laquelle il est possible de pénétrer quelques dizaines de mètres sans équipement.

Variantes

Descente directe par le Petit Montoir: du sommet, emprunter l'itinéraire de montée jusqu'à la bifurcation marquant le haut du sentier de Grand Montoir, prendre à doite (panneau indiquant le crêt des Outalays et le Petit Montoir). Descendre ce dernier et suivre l'itinéraire déjà décrit ci-desssus pour revenir au point de départ.

La boucle du col du Perthuis: quitter le refuge par le sentier au sud-est comme ci dessus, mais prendre ensuite la branche de droite. Le sentier (en plat népalais) longe plus ou moins la falaise, en traversant de nombreuses ravines. Il n'est pas plus fréquenté que celui du plateau et offre de belles vues sur les dents de Lanfon et la Tournette. Une clairière transformée en alpage (sources d'eau non potable) annonce le col du Perthuis. En le traversant on rejoint une piste récente qu'il ne faut pas suivre; la quitter pour prendre un chemin plein ouest en direction de La Blonnière. Ce chemin est très raide, mais facile à suivre; juste avant La Blonnière, en croisant le ruisseau du Fournet se présente une bifurcation; prendre la branche de droite (nord) permet de rejoindre la route au plus haut. Cet itinéraire assez exigeant dans la descente se conçoit en démarrant de La Blonnière (1 030 m). De là, un sentier en pente douce monte au Chalet Chapuis où on rejoint l'itinéraire de base décrit ci-dessus pour monter à la tête du Parmelan par le Petit Montoir ou le grand Montoir (ajouter au moins 200 m en dénivelé cumulé).

Partir du chalet de l'Anglettaz (ou Anglette): ceci permet de démarrer beaucoup plus haut (à 1 500 m d'altitude) et réduit le dénivelé brut à environ 300 m. Un sentier confortable partant plein sud du chalet de l'Anglettaz rejoint le sentier provenant du petit Montoir à son sommet, puis le haut de celui du grand Montoir déjà décrit. L'intérêt principal de ce point de départ se justifie surtout pour effectuer le retour par la boucle grotte de l'Enfer, fontaine du Tour, Grande Glacière. Restaurant au chalet de l'Anglettaz en saison.

La fontaine du Tour tarit souvent en fin d'été.
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La Grande Glacière
© Michel Racine

La Grande Glacière est une cavité très large de 50 m de profondeur (et de diamètre) qui accumule la neige (la descente se fait en enchainant deux rappels, le premier pendulaire dans le puit étroit au nord-ouest, ou par un sentier très raide descendant dans la cavité ou puit sud-est: une pente de neige donne accès par un boyau à une cavité latérale de la Grande Glacière). Une sorte de montagne de glace se forme au fond de la Grande Glacière; elle peut atteindre une vintaine de mètres et attire les amateurs de cascades de glace (compte tenu de la taille réduite du site et de sa fragilité cette pratique ici est fort critiquée). Le gouffre est visitable et intéressant en été (présence d'un petit lac vert) sans faire de la cascade de glace mais quand même réservé aux randonneurs-alpinistes: pentes délicates dans les rochers, puis crampons et piolet indispensables si la neige est dure ! casque utile en raison de la chute possible de blocs de glace. Jusqu'en 1919 la glace était exploitée par les commerces d'Annecy.

Même si vous ne descendez pas dans la grande Glacière, son site constitue un but d'excursion en soi et le lapiaz à son voisinage est très beau. A noter que le sentier principal passe une centaine de mètres au sud de la Grande Glacière. Pour atteindre cette cavité, prendre en un petit sentier en aller-retour (la signalisation a été récemment refaite) et suivre ensuite les traces de peinture rouge; si vous continuez à monter, ce sentier aboutit en cul de sac au Plan de l'Aigle (sentier non balisé, mais facile à suivre, il se perd cependant une fois arrivé au Plan de l'Aigle); vous pouvez aussi suivre les traces de peinture rouge sur le lapiaz, elles font le tour de la Grande Glacière et évitent ce petit retour.

En fait la difficulté de l'accès à la tête du Parmelan par l'Anglette n'est pas pédestre, mais routière: jusque vers 1 000 m d'altitude, la route est bonne, mais se transforme ensuite en piste étroite où les croisements sont difficiles; de plus, en saison les places de stationnement sont très vite saturées au voisinage du chalet. Une solution intermédiaire est de se garer dans une épingle à cheveux vers 1 315 m d'altitude (GPS: 45.9604 N, 6.230017 E). Et plutôt que de poursuivre à pied sur la piste de l'Anglette vous pouvez aussi rejoindre le Petit Montoir par le chalet des Chappeys.

Le Parmelan loin des foules . Mais oui c'est tout à fait possible!
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Le sentier de la Grande Glacière
© Michel Racine

Prendre au départ d'Aviernoz la route de l'Anglette, s'arrêter dans une épingle à cheveux à l'altitude 1 150 m, donc plus bas que celle cité précédemment (le virage est situé juste avant le point où la route se transforme en piste non asphaltée). Parcourir une centaine de mètres à pied sur la piste: elle recoupe un chemin que l'on prend sur la gauche en montant. Ce sentier non balisé, mais facile à suivre et très agréable, mène sur le plateau une centaine de mètres au dessus du Chalet de l'Anglettaz et l'évite par le nord. De grands cairns cimentés indiquent le chemin dans l'alpage. On rejoint la piste provenant de l'Anglettaz et on retrouve un balisage assez lâche; prendre la bifurcation décrite ci-dessus pour atteindre la Grande Glacière. Retour par le même itinéraire ou en passant par la fontaine du Tour, la grotte sans nom, la grotte de l'Enfer. Suivre la direction Crêt des Outalays, puis descendre le Petit Montoir.

Si vous êtes en forme la grande boucle décrite plus haut vous amène sur la Tête du Parmelan. Redescendre par le Grand Montoir. Vous pouvez visiter au passage l'entrée de la Glacière d'Aviernoz. Descendre vers le nord-ouest par le chalet des Chappeys pour rejoindre la route / piste de l'Anglettaz au niveau de l'épingle à cheveux 1 315 m. Descendre la piste sur un peu plus d'1 km pour revenir au départ. A mi-distance des deux virages en épingle à cheveux, la piste caillouteuse s'élargit en raison de la présence d'une ancienne carrière et offre un vaste parking; aucun chemin ne démarre malheureusement de cet endroit; cette piste caillouteuse constitue la portion la moins agréable du parcours, mais si vous passez par là en mai, au voisinage de l'ancienne carrière et de part et d'autre de la piste, vous pourrez trouver de nombreux pieds de Muguet !

Le Parmelan loin des foules (2) 

Dénivelée: 900 m.
Monter aux Fournets, au dessus de La Blonnière, comme dans le circuit du col du Perthuis, mais au lieu de se diriger vers le nord, on utilisera en AR le sentier fort raide du col du Perthuis (le dénivellé est d'environ 500 m).

Du col, continuer vers le sud-ouest; juste après avoir quitté l'alpage, le sentier s'engage dans une forêt ouverte; une bifurcation peu marquée se présente dans la première prairie, la branche de gauche mène à la Croix du Bénitier, celle de droite mène à un col plus au sud proche du lieu dit "les Grands Prés". Une croix "fausse route" sur un arbre vous indique que vous n'êtes pas sur le sentier principal (celui de la Croix du Bénitier), mais c'est précisément l'itinéraire que je vous conseille de prendre; il est peu marqué mais confortable; aucun balisage mais quelques cairns qui deviennent plus fréquents au fur et à mesure que l'on s'élève et deux ou trois marques blanches: ouvrez l'oeil: le principal intérêt de cet itinéraire est le sentiment de solitude; Le col se situe vers 1800 m. L'itinéraire se poursuit plus ou moins dans la même direction, en descendant progressivement.

Vers 1750 m 3 cairns en triangle marquent une bifurcation (on est proche du lieu dit "les Grands Près"); prendre le chemin de gauche (vers le nord); une traversée descendante mème au "poteau du Freu" (qui à disparu depuis longtemps); le panorama va juqu'à la chaine du Mont Blanc masquée ensuite par la succession des trois têtes (Arpettaz, Tête Ronde, Tête Noire): superbe; le Muguet très abondant en juin accompagne les Pulsatiles. A la bifurcation d'itinéraires, ne pas descendre dans le vallon d'Ablon, mais remonter (ouest) vers la croix du Bénitier. A partir de ce point on retrouve un sentier très balisé (marques de peinture jaune). Ce balisage est utile car l'itinéraire traverse un lapiaz dans lequel beaucoup d'indices disparaissent. On revient en perdant de l'altitude vers le col du Perthuis.

Le Parmelan en hiver

Dénivelée: 850 m.
Prendre au départ d'Aviernoz la route de l'Anglette, s'arrêter dans la boucle en épingle à cheveux vers 1000 m où se trouve un grand parking. La route est interdite par la mairie au delà de ce point en hiver (jusqu'à fin avril); s'élever sur la route sur 250 m; un bon sentier part sur la droite; il permet de rejoidre la piste de l'Anglette vers 1250 m; suivre la piste jusqu'à un virage en épingle à cheveux (ne pas prendre le sentier signalé par un panneau "chalet de l'Anglette"); s'élever encore pendant 250 m sur la piste jusqu'à une bifurcation indiquée par un panneau "chalet des Chappeys". Du chalet il est préférable de ne pas suivre le sentier qui rejoint par une traversée ascendante le chemin du Petit Montoir, mais de s'élever droit dans la pente en direction de la falaise; on rejoint le sentier du Petit Montoir par une sente longeant le pied de cette falaise. Ceci vous évitera le parcours du sentier, très souvent glacé. Une fois en haut du Petit Montoir on suit l'itinéraire classique vers la Tête du Parmelan, généralement tracé: le plus souvent, vous n'aurez pas besoin de raquettes. Les batons sont conseillés; raquettes et mini crampons de randonnées peuvent être utiles selon les conditions.

Bien évidemment cet itinéraire peut aussi être utilisé en été; si vous ne prenez pas le raccourci en amont du chalet des Chappeys, vous passez par l'entrée de la Glacière d'Aviernoz.

Pour la partie est du plateau, lire cette page.
Cartes IGN top 25: 3430 OT, 3431 OTR.

Bibliographie

Le pays des Lapiaz in La France ignorée chapitre X. Document numérisé par la Bibliothèque interuniversitaire Jussieu.