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Dossiers photographiques

Une forteresse existait déjà au 8e siècle. Les comtes de Genève s'installent dans les lieux au 12e siècle.
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La tour de la Reine; © Michel Racine

On ne connait pas grand chose de l'architecture du château des 12e et 13e siècles. Au 13e siècle il devient résidence des comtes de Savoie. Le château est reconstruit au 14e siècle après un grand incendie qui dévaste la ville. La plus ancienne structure identifiée est une courtine en moyen appareil de molasse couronnée d'un chemin de ronde à mâchicoulis similaire à la façade occidentale, et daté des années 1340. Il existait alors un donjon (tour du Lardier), situé à peu près au centre de la cour, disparu au 15e siècle et dont on ne retrouve aucune trace (fondations).
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Le château, plan daté, d'après Laurent d'Agostino, Evelyne Chauvin-Desfleurs, 2017 (les dates sont un peu différentes de celles du plan affiché dans la cour et de la thèse de d'Elisabet Chalmin-Sirot, antérieurs).
La courtine, qui flanque l'aile des cuisines et de la chambre du comte, est transformée dans les années 1430 lors d'une grande rénovation du château sous le duc de Savoie Amédée 8: la tour Saint-Pierre qui flanquait l'angle nord-ouest de la chambre du comte est presque entièrement rebâtie, le chemin de ronde à mâchicoulis détruit et une nouvelle chambre aménagée au-dessus des appartements comtaux, que l'on dote de grandes fenêtres à croisée de meneaux, tandis que la grande cuisine au rez-de-chaussée est elle aussi réaménagée.
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Grande salle; © Michel Racine

La résidence est confortable et les comptes de châtellerie ainsi qu'un inventaire de 1393 nous apprennent que la vaisselle d'or et dargent était utilisée pour les banquets donnés dans la grande salle et préparés dans la vaste cuisine. On sert de la viande, du gibier, les poissons du lac, fromages et vins du pays. Le château possède un puit. La grande salle, la chambre du comte et d'autres chambres sont décorées de fresques et de tapisseries. La chambre du comte, appelée aussi chambre rouge a été occupée un temps par Robert de Genève devenu Pape en Avignon sous le nom de Clément 7. La chambre du Cerf évoque la chasse et la nature, celle de la comtesse possède un oratoire et le château possède une bibliothèque. Le mobilier, réduit, correspond aux besoins d'une cour itinérante.

Dans la seconde moitié du 15e siècle, une petite tour (Tour sans nom), qui marque les débuts d'une adaptation du château à l'artillerie à poudre, est construite dans l'angle entre l'aile de la chambre du comte et l'aile des appartements princiers de la comtesse et des enfants. Le bâtiment des appartements de la comtesse et des enfants, ainsi que la vieille Tour du Trésor, sont complètement transformés et modernisés par la construction du Logis Nemours entre 1533 et 1565, à l'initiative de Charlotte d'Orléans, veuve de Philippe de Savoie-Nemours. Le Logis Nemours et la tour du Trésor, sont aussi des bâtiments défensifs avec leurs salles basses d'artillerie qui couvrent toute la terrasse nord-ouest et la vieille ville d'Annecy. Au 17e siècle, l'accès se faisait toujours par un pont levis situé en avant d'une barbacane et sur un fossé, éléments aujourd'hui tous disparus (plan de La Rochette, 1692). L'emplacement de la herse est visible à l'entrée du château et sur le plancher de la coursive au 2e étage.

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Le château, façade nord de la cour intérieure: logis Nemours (16e), vieux logis (13e), logis neuf (16e), logis Perrière (15e) © Michel Racine.
Le château est transformé en caserne en 1742, une affectation qu'il conservera à travers la révolution française et au delà. C'est lors de la transformation en caserne qu'est aménagée une citerne enterrée (devant le logis Perrière) pour satisfaire les besoin en eau d'un grand nombre de soldats et de chevaux. pour les périodes précédentes, le puit situé dans le porche du vieux logis est considéré comme suffisant pour une occupation de quelques dizines de personnes; très profond, ce puit descendait jusqu'au niveau du lac.

L'armée quitte le château en 1947. Avec la crise du logement sensible à Annecy comme ailleurs le préfet mais également des membres du conseil municipal permettent à quelques personnes d'occuper "provisoirement" une ou deux pièces de cette "caserne" désaffectée. D'autres personnes s'ajoutent les 5 années suivantes. Le 12 juillet 1952, un incendie éclate dans la salle des Colonnes, suite à l'explosion d'un réchaud à alcool. L'incendie est maitrisé, mais trois cent cinquante occupants à titre précaire devront être relogés ailleurs. En mars 1953, la Ville achète le château pour la somme de mille francs (anciens, soit 1,52 euros); l Les travaux de de restauration nécessiteront un budget bien plus considérable !

Le château est classé monument historique en 1959.

Les collections (détails) ↑ 

Le premier musée d'Annecy est créé en 1842, sous l’égide de la Société Florimontane. C'est un musée éclectique, régionaliste et d'histoire naturelle. Il occupe une salle de la bibliothèque. En 1856, Joseph Serand présente un projet de musée lapidaire (pierres précieuses) puis de 1854 à 1857, Gabriel de Mortillet étend son propos géologique, suivi par Joseph Ducret jusqu'en 1860. Le musée s'installe à l'hôtel de ville lorsque celui-ci est construit. Louis Revon conservateur à partir de 1860 collectionne à peu près tout (peintures, sculptures, estampes, objets d'ethnologie); les fouiles de Boutae enrichissent les collections en objets gallo-romains sous la direction de Marc Leroux; lors du rachat du château en 1952, le musée s'y installe. En 1993, il intégre un observatoire des lacs alpins et s'enrichi d'œuvres contemporaines; les collections spécifiques au cinéma d'animation sont provisoirement présentées dans l'ancien séminaire (musée départemental).

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Ours mâle, empaillé vers 1850; © Michel Racine

Ours mâle tué par les frères Paour vers 1850 sur le plateau des Glières. Au 19e siècle l'Ours était encore présent dans le Jura, les Alpes et les Pyrénées. Le dernier Ours des Alpes est tué en 1937.

On ne peut voir qu'une toute petite partie de ces collections, dans des salles pas toujours adaptées; de nombreux objets sont partagés avec des musées régionaux (musée des Beaux-arts de Gaillac pour les peintures de Firmin Salabert) ou même avec des musées parisiens (Ephèbe des fins au musée des Beaux-arts de la Ville de Paris).

En pratique ↑ 

Attention, le musée château présente des collections permanentes et temporaires bien documentées, mais l'accent n'est pas mis du tout sur l'histoire et le décor neutre conçu pour les expositions temporaires les plus récentes dissimule l'architecture des salles. Vous trouverez quelques documents explicatifs de l'histoire du château dans des présentoirs et des panneaux dans les toutes petites salles (tour du Trésor et tour Saint-Pierre).
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Four à pain; © Michel Racine

Au rez-de chaussé, un four à pain proche de la cuisine est visible). Si vous voulez approndir l'histoire du château au fil de votre parcours, préparez et apportez votre propre guide de visite; le site des musées d'Annecy possède un espace ressources qui peut grandement vous aider dans cette préparation.


La visite commence (et se termine) par la boutique qui occupe une petite partie de la salle des colonnes (ou cellier); le reste de cette salle, la cuisine et les trois salles du Logis Nemours sont consacrées aux expositions temporaires. Un escalier à vis donne accès au 1er étage du logis Nemours: salles consacrées à la représentation humaine (vitrail, statuaire) à la peinture (centrées sur les paysages de montagne et sur le lac), d'autres illustrant le thème mobilité (mobilier et objet traditionnels: le thème est un peu tiré par les cheveux); le minuscule cabinet des arts graphiques héberge des présentations temporaires de courte durée (il est souvent fermé); la Grande salle est généralement vide et le logis neuf (dont l'architecture est considérée moins élaborée) généralement inaccessible.

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Coursive; © Michel Racine

Le deuxième étage, désservi par le même escalier à vis est consacré à l'art moderne avec des œuvres assez hermétiques mais qui ont au moins l'avantage de ne pas masquer le contexte architectural qui les héberge; une coursive située au dessus du porche d'entrée donne accès à la tour de la Reine.

La tour Perrière, de l'autre côté de la cour, abrite des collections permanentes consacrées à la biologie et à l'histoire du lac (aquariums, documents consacrés au néolithique, à la pêche et à la navigation sur le lac à l'époque pré-moderne).

Les expositions temporaires sont souvent de grande qualité (quoique les présentations soient généralement mal éclairées, avec des projecteurs placés probablement bien trop haut), malheureusement, même quand les objets proviennent des réserves du musée, il n'est plus possible de les voir une fois l'exposition terminée (par exemple "Le Passé à la loupe" consacrée aux antiquités romaines découvertes à Annecy). Le musée-château d'Annecy possède de très riches réserves, mais un château médiéval remanié à la Renaissance ne se prête pas de façon idéale à la fonction de musée et tout est un peu à l'étroit dans ces murs...

La partie de la cour située entre la Tour Perrière et le Logis Neuf offre une très belle vue sur la vieille ville.

Bibliographie

Histoire du château. Sur le site officiel.

Laurent d'Agostino, Evelyne Chauvin-Desfleurs. 2017. Annecy (Haute-Savoie), Musée-Château. Façades nord : de la Tour du Trésor à la Tour Saint-Pierre. [Rapport de recherche] EVEHA. hal-02021336
Le document indispensable sur l'histoire du château.

Elisabeth Chalmin-Sirot. 1990. Le Château d'Annecy. Presses Universitaires de Lyon.


Le musée-château (pdf).
Ce dépliant vous aidera à vous repérer dans la visite mais ne contient pas d'informations historiques (existe aussi en anglais sur le site officiel ainsi que plusieurs livrets enfant téléchargeables).

Histoire du château. Dossier pédagogique collège (pdf).

Le château pierre par pierre. Dossier pédagogique (pdf).

Le château Le château d’Annecy – Histoire et architecture. Sur le site officiel du musée-châteu (pdf).