b20060806_c05

Dossiers photographiques

Toutes sortes d'itinéraires sont possibles: on réalise le plus souvent une boucle, dans le sens des aiguilles d'une montre, en gagnant Shey depuis Ringmo; puis Saldang par le Shey La, avant de revenir sur la Tarap; mais on peut faire un détour plus au nord par les villages de Bijer et Yangser qui sont particulièrement intéressants. Enfin plutôt que de revenir à Juphal, il est fréquent de traverser de Dho vers le bas Mustang en empruntant le Chharka La. Une alternative opposée en direction permet depuis Bijer de rejoindre vers l'ouest la vallée de Mugu par un itinéraire de haute altitude, très minéral et peu parcouru, bien qu'étant un des passages clés de la GTH (ne cherchez surtout pas à rejoindre Dolpu par les gorges de la Namlang Khola, infranchissables). Cet itinéraire est tout à fait recommendable : relativement dépourvu de grands sommets glaciaires, il enchaine les paysages exceptionnels du lac Phoksumdo, le site mythique de Shey et des villages que bien peu de trekkeurs traversent; après le passage de cols désertiques proches de la frontière du Tibet, prenez votre temps et explorez les villages tibétains situés à mi pente en vallée de Mugu, hors du chemin principal: chacun d'eux est un joyau caché.

Il est à noter que le trek du Haut-Dolpo impose le paiement d'une taxe journalière très élevée, avec un minimum de 10 jours (cf page Népal). De plus, mis à part les portions communes avec le trek du bas Dolpo (Suli Gad et Tarap), et peut-être Chharka, vous ne trouverez aucun lodge sur ce trek. Des tentes de commerçants s'installent au printemps et restent présentes pendant l'été dans certains villages; leur clientèle est constituée par les cueilleurs de Yarsagumbu.
La Barbung Khola (détails) de Juphal à Dunai et au confluent de la Tarap Khola (ou l'inverse)
19940723_d29725
déité
© Michel Racine

Passer par Dunai ne se justifie que pour s'approvisionner ou s'organiser.
La Suli Gad (détails) de Juphal à Ringmo (ou l'inverse)
19940723_d29725

© Michel Racine

Cette partie est commune avec le trek du bas Dolpo.
La Phoksumdon Khola et le Kang La
19940723_d29725

© Michel Racine

Un chemin accroché dans la falaise ouest du lac Phoksumdo permet d'atteindre la Phoksumdo Khola tout en offrant de superbes vues sur les eaux turquoises du lac; c'est sans doute la plus belle étape du trek du Haut-Dolpo. L'itinéraire se poursuit en rive droite de la Phoksumdo Khola, au pied du Kanjiroba; 30min après avoir quitté le lac il faut franchir un gué difficile (pendant la mousson, ce passage nécessite une corde). En montant encore une demi-heure on atteint le camp des pins, qui comme son nom l'indique est un lieu de campement classique sur cet itinéraire (il est cependant beaucoup moins agréable que la rive amont du lac, sur le bord du petit delta formé par la Phoksumdo Khola). Le lendemain on poursuit environ 1h30 en rive gauche de la rivière par un sentier en partie submergé (sandales utiles) jusqu'à atteindre une gorge impressionante que l'on remonte jusqu'au "camp de base" du Kang La (Nara La) à 4600 m; cette partie nécessite de nombreuses traversées du torrent.

Une variante consiste à camper 1h en amont du camp des pins, sur un petit emplacement bien aménagé, mal nommé "camp de la gorge" (vu qu'il permet précisément d'éviter la gorge); le lendemain on s'élèvera par des paturages, puis une moraine pour atteindre une vallée latérale et le camp vers 4600 m. Le passage du col lui-même (Tarang La) ne présente pas de difficultés particulières, si ce n'est l'altitude (c'est pourquoi il convient de prendre tout le temps nécessaire à l'acclimatation lorsque l'on monte depuis Juphal); le col s'ouvre entre deux falaises, et s'atteint par des pentes de schistes noirs. On rejoint l'itinéraire de circambulation de la Montagne de Cristal (Crystal Mountain) bien avant d'arriver sur Shey (plan ci-dessous). Cette variante semble bien préférable à la montée par le Kang La. On pourrait s'approcher encore plus de la montagne de Cristal en franchissant le Methog Ting La, puis le Drolma La au lieu du Tarang La.

Note sur l'acclimation: le rythme de montée ne doit pas dépasser en moyenne 300 à 500 m par jour; Juphal étant à 2500m et le camp de base du col à 4 600 m prévoir cinq jours de montée depuis Juphal est un strict minimum et passer deux nuits à Ringmo est une précaution encore plus sage.
Shey gompa 
«Je sais que toutes les choses sont éphémères, que les espèces disparaissent et que les montagnes se dissolvent, mais en ce moment j'espère que rien ne changera à Shey.»

"I know that all things in nature are transcient, that species vanish and mountains dissolve, yet i hope that nothing will change at Shey."
George Shaller, Stones of Silence, 1980.

Un voeu de plus en plus lourd de sens.
19940723_d29725

© Michel Racine

La haute vallée de Shey représente le lieu le plus sacré du bouddhisme népalais; l'interdiction de la chasse pour des raisons religieuses (respect de la vie animale) est aujourd'hui relayée (ou plus exactement complétée) par la création du parc national de Shey-Phoksumdo. Ce respect permet de voir les Moutons bleus (Barrals) broutter sous le monastère de Tsakang (à défaut de renconter le Léopard des neiges). Il n'y a à Shey qu'un petit monastère, quelques maisons, un groupe de moulins à prière actionnés par l'eau, des cabanes d'estivage et, souvent, des tentes de Dolpo Pa montés ici avec leurs troupeaux; mais Shey gompa fait partie des grands lieux mythiques du monde; une attitude adéquate vous permettra d'en ressentir toute la spiritualité.
La circambulation de la Montagne de Cristal (Crystal Mountain Pilgrimage)
crystal_mountain
Traditionnellement les Dolpo Pa se réunissent chaque année à Shey au moment de la pleine lune de septembre pour le pélerinage de la Montagne de Cristal (Riou Doukta); la tradition se perd peut-être (?) mais le rassemblement organisé tous les douze ans a pris des proportions un peu démesurées, avec de grands lamas arrivant sur place en hélicoptère et une présence massive de touristes. Le dernier de ces grands rassemblements a eu lieu en 2012.
De Shey, on joint Saldang en deux jours par le Gela La; la vallée de la Tarap est directement accessible en deux ou trois jours par les Mungchung La (aussi nommé Sela La), Langmosia La et Numa La North (aussi nommé Khyung La). Cet itinéraire direct est rarement parcouru. Le plus intéressant est l'itinéraire le plus au nord: un parcours de crête comportant de nombeux petit cols permet de rejoindre le village de Bijer en deux jours; il faudra compter ensuite trois jours pour atteindre la Panjang Khola et Yangser.
Bijer (Phijor) et Yangser
20120906_c64

© Michel Racine

Lorsqu'on parcourt les crêtes depuis Shey, on domine les gorges profondes de la Tar Khola; l'hiver les habitants empruntent les rives gelées de la rivière.

S'il fallait désigner un village représentatif du pays caché tel que le dénommait Erc Valli, Bijer serait sans doute élu. C'est un petit joyau qui dégage une atmosphère toute particulière. Situé à l'extrême nord du Dolpo, Bijer voit passer peu de trekkeurs et vous susciterez la curiosité; les maisons et les champs sont magnifiques et l'accueil y est formidable. Cerise sur le gâteau, on y a découvert en 1999, dans la gompa de Nesar, une pièce secrète (qui avait traversé les temps entièrement murée) abritant une bibliothèque de plus de 600 volumes écrits en tibétain entre le 11e et le 16e siècle. Agrémentés d'une iconographie superbe, ces manuscrits représentent un véritable trésor que documente merveilleusement le livre de Amy Heller (Heller, 2009).

Le passage du Tia La permet de rejoindre Kadang puis Palden, un très beau hameau. Plus bas le village de Lhori domine la confluence des vallées de la Panjang Khola et de la Mutsi Khola. Une atmosphère intimiste, un sentiment d'isolement et de bout du monde se dégage de tous ces lieux. Mais si vous êtes venu jusqu'ici, c'est aussi pour ne pas manquer Nysal et surtout le monastère de Yangser, qui s'élève dans un décor sauvage et désertique.
Saldang
20120906_c64
Thilen Lhondup, l'acteur principal du film Himalaya, l'enfance d'un chef (décédé par accident en 2016); © Michel Racine

C'est l'un des villages les plus importants du Dolpo; lors de mon passage en 2006, les habitants, menés par Thilen Lhondrup, reconstruisaient eux-mêmes l'école pour l'agrandir. On joint facilement la vallée de la Tarap depuis Saldang en deux jours avec un camp vers Cha (4000m), sous le Jengla La.

Malheureusement la "civilisation" (ou plutôt l'anti-civilisation) guette: cette vallée est de plus en plus envahie par des produits d'importation chinoise et la construction d'une route à partir du Tibet occupé va profondément aggraver les choses.
la vallée de la Tarap (détails
20120906_c64
Collecte des bouses de Yack, Tarap, 2012
© Michel Racine

Cette partie est commune avec le trek du bas Dolpo.
de Tarap à Jomossom 
20120906_c64

© Michel Racine

Depuis Dho, deux cols difficiles, le Pang La et le Chharka La sont à franchir pour atteindre Chharka, ce qui prend trois jours. Le village de Chharka aux maisons serrées les unes contre les autres fait penser à une forteresse; c'est ici qu'on été tournées les scènes de village du film Himalaya.

Sangda est un autre joli village que l'on joint en trois jours par un itinéraire complexe; les paysages annonçent le Mustang. Les habitants de Sangda, comme ceux de Chharka, sont particulièrement accueillants. De Sangda, on est à une journée de marche de Kagbeni, mais on reste le plus souvent sur un sentier balcon en rive droite de la Kali Gandaki, plutôt que de descendre vers le lit de cette rivière avant Jomosom.
20060820_d48121
Sangda
© Michel Racine

Bibliographie

amy_heller_2009
Amy Heller. 2009. Hidden treasures of the Himalayas. Serinda publications, Chicago, USA.
Un ouvrage incontournable pour tout lecteur qui s'intéresse au Dolpo. Il faut le souligner, car chose rare, le livre s'accompagne d'un DVD contenant toute l'iconographie.